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Exercices spirituels

ENTRÉE DANS L’EXPÉRIENCE

Nous commençons aujourd’hui notre cheminement avec Ignace de Loyola. Je vous donne d’abord le sens de l’expérience que nous débutons.

  1. Je vous invite à vivre une aventure avec Dieu (le Seigneur). C’est Lui qui conduit la personne qui le cherche. Nous sommes invités à nous laisser mener par Lui. (voir le Psaume 139, versets 23 et 24)
  2. Je vous invite à courir le risque d’être conduit(e) là où vous ne vous y attendez pas; nous nous disposons le cœur à accueillir le Dieu des surprises, un Dieu qui dérange. (Voir Exode 3, 4 à 10).
  3. Je vous invite à vous ouvrir à Dieu et de consentir à le laisser agir.

Des textes de la Parole de Dieu qui peuvent vous aider à disposer votre cœur au début des cette expérience spirituel :

*Isaïe 54, versets 3 et 3 : « Élargis l’espace de ta tente… Ne ménage rien ! Allonge tes cordages… »

*Psaume 121 : « Je lève les yeux vers les montagnes : d’où viendra mon secours ? »

*Luc 6, 47 à 49 : « Tout homme qui vient à moi, qui entend mes paroles net qui les met en pratique est comparable à un homme qui bâtit une maison sur le roc… »

Quelques pistes de réflexion :

  1. Apprendre à faire silence en soi et entrer au plus profond de soi-même.
  2. Dire à Dieu (au Seigneur) les désirs et les attentes que l’on a, en lui demandant de disposer notre cœur à accueillir sa volonté.
  3. Prier pour ceux et celles qui vont vivre cette expérience.
  4. Se mettre dans l’attitude de vivre ce cheminement comme un cadeau de la part de Dieu.

Prendre chaque jour une vingtaine de minutes de réflexion priante. Dans le lieu qui vous aide le mieux dans votre réflexion et dans la posture qui favorise cette démarche.

Après ce temps de réflexion, notez dans un cahier ce que vous avez vécu durant ce temps.

Je vous reviens dans deux semaines, d’ici-là :  JOYEUX NOEL ET HEUREUSE ANNÉE 2014.

Bernard  Bélair, S.J.

DIEU CRÉATEUR

Nous continuons notre cheminement spirituel en méditant et en contemplant Dieu en tant que Créateur en prenant conscience que le Dieu Amour « me crée créateur de moi-même » Dieu Créateur et Seigneur, Père, Fils et Esprit. Comme le dit saint Paul dans sa lettre aux Colossiens (Col.1, 17) : « En lui, nous avons la vie, le mouvement et l’être. »

Je vous suggère des textes de la Parole de Dieu pour alimenter votre réflexion et votre prière.

Genèse 1, 1 à 23 : Il s’agit des deux récits de création qu’il ne faut prendre pour des récits scientifiques. La science nous dit comment l’évolution s’est déroulée. La science aborde le comment des choses. La théologie nous amène à réfléchir sur le pourquoi des choses. Le texte nous amène à réfléchir sur la beauté et la bonté de la création. Enfin, sur l’intention du Dieu qui crée sans cesse et non une fois pour toute. Je vous invite à porter la vision d’un commencement de « votre commencement » tout au long de cette étape de deux semaines. Dieu est en nous comme notre source permanente. La Bible ne prétend pas nous donner des renseignements sur le commencement. Elle nous parle du DIEU – ORIGINE dans le langage de commencement, ce qui est une manière mythique de dire que Dieu est source absolue.

Je vous suggère aussi les textes suivants : Jean 1, 1 à 18 C’est le Prologue de l’évangile de Jean, le Psaume 104, le Psaume 138 (139) priez ce psaume en remerciant le Seigneur pour tous les beaux moments de votre vie et prenez conscience de la présence parfois discrète de Dieu dans votre vie. Et la 1ière Lettre de Jean 4’16

Choisissez le texte de la Parole de Dieu qui vous aidera le mieux à vous laisser habiter par la vision du Dieu Amour qui me crée créateur de moi-même. Laissez- vous habiter par le silence qui vous ouvre à l’action de l’Esprit. Priez aussi pour les personnes qui suivent le même cheminement que vous.

Demandez au Seigneur de vous faire le cadeau de choisir et de faire ce qui pourra le mieux vous mener à l’accomplissement du projet créateur de Dieu sur vous. Prenez le temps de goûter l’amour de Dieu pour vous.

Enfin, n’oubliez pas de noter ce que vous vivez dans vos temps de réflexion et de prière.

Heureuse année 2014 et je vous reviens dans deux semaines…

Bernard Bélair, s.j.

NOUS AVONS UN RÔLE DANS LE PROJET DE DIEU

Durant cette quinzaine, nous sommes invités à réfléchir et à prier sous le thème de notre rôle dans la création. Le P. François Varillon dans son volume Joie de croire. Joie de vivre écrit ceci qui peut alimenter notre réflexion : « Dieu crée l’homme créateur. » Nous sommes donc des Co-créateurs des Co-créatrices. Nous sommes aussi responsables de la création qui nous est confiée. Le respect de l’environnement fait partie de notre responsabilité à l’égard de cette création.

Demandons au Seigneur de regarder la création, le monde et la personne que je suis avec le regard du Créateur.

Des textes de l’Écriture sainte peuvent guider notre réflexion priante :

Josué 24, 1 à 28 : Texte du renouvellement de l’Alliance avec Dieu à Sichem, où le peuple d’israel relit son histoire à la lumière des merveilles accomplies par Dieu en sa faveur. Relire les merveilles que Dieu a accomplies dans ma vie.

Éphésiens 1, 3 à 14 : « Il nous a choisis en lui dès avant la création du monde… »

Psaume 8 et psaume 63

QUELQUES PISTES DE RÉFLEXION :

  • Prendre le temps de constater que Dieu crée du neuf.
  • Dieu crée en existant, rien d’autre. Mais cette existence est contagieuse, car c’est de l’amour et l’amour est une suscitation d’existence. (Varillon)
  • Prendre conscience que j’ai été créé dans l’amour et que je suis appelé à collaborer au projet de Dieu.
  • Voir que Dieu est créateur de mon désir de vivre et qu’il m’invite de plus en plus à créer ma liberté.
  • Je suis invité à rendre le monde meilleur en créant à mon tour et en donnant aux autres la liberté de se créer et de participer à la création du monde.
  • M’accueillir et accueillir les autres dans la confiance, comme un don gratuit de Dieu.

Bonne quinzaine et n’oubliez pas de noter les fruits de vos réflexions priantes.

Bernard Bélair, S. J.

« La question n’est pas d’aimer Dieu, mais de l’aimer davantage. Or, je ne l’aimerai pas davantage en aimant moins les choses du monde, mais en les aimant autrement. » (F. Varillon)
LA LIBERTÉ DES ENFANTS DE DIEU

Textes de l’Écriture sainte :
Romains 8, 14 à 38 : « Rien ne peut nous séparer de l’amour de Dieu… »
Psaume 18 : « Je t’aime Seigneur, tu es ma force… »

Ces textes de l’Écriture servent à alimenter mes temps de prière et il est bon d’y revenir pour les goûter en profondeur.
Demande : Demander au Seigneur de m’éveiller au discernement pour choisir chaque jour le chemin de la liberté, sous la mouvance de l’Esprit qui est souffle de vie.
Pistes de réflexion :

  • Goûter ce que veut dire : être fils, fille de Dieu. C’est en germe dans toute personne et aussi dans toute la création. C’est cet esprit de Dieu que nous portons en nous. Nous sommes travaillés de l’intérieur, en gestation comme un enfant dans le ventre se sa mère… Dieu nous porte, en prendre conscience.
  • De toute éternité nous sommes dans le cœur de Dieu.
  • Demander d’avoir une saisie globale du travail de Dieu dans sa création, laissons Dieu être Dieu dans notre vie.
  • Nous sommes nés pour vivre dans la liberté. La liberté est liée à l’amour. C’est le fruit de l’étape que nous venons de vivre qui en langage ignatien se nomme le Principe et Fondement (des Exercices spirituels). Il faut aimer beaucoup pour être libre.
  • « La liberté chrétienne, dans son sens le plus typique, est la capacité de demeurer devant Dieu comme un partenaire de l’Alliance et, dans cette perspective, la vocation chrétienne est la rencontre de deux libertés : celle de Dieu et celle de l’homme. » (L. Rulla, s.j. Anthropologie de la vocation chrétienne. (p.245)

Comme nous terminons une étape, il est bon de relire vos notes de cheminement depuis le début pour prendre conscience de ce que vous avez vécu durant ce temps : vos prises de conscience, vos joies, vos peines. Voir s’il y a une ligne directrice dans votre cheminement.

À titre d’information, je vous livre le texte d’Ignace de Loyola intitulé Principe et Fondement. Ne pas oublier que ce texte date du 16e siècle !

« L’homme est créé pour louer, révérer et servir Dieu notre Seigneur et par là sauver son âme, et toutes les autres choses sur la face de la terre sont créées pour l’homme, et pour l’aider dans la poursuite de la fin pour laquelle il est créé.

D’où il suit que l’homme doit user de ces choses dans la mesure où elles l’aident pour sa fin et qu’il doit s’en dégager dans la mesure où elles sont, pour lui, un obstacle à cette fin. Pour cela, il est nécessaire de nous rendre indifférents (libres) à toutes les choses créées, en tout ce qui est laissé à la liberté de notre libre arbitre et ne lui est pas défendu : de telle manière que nous ne voulions pas, pour notre part, davantage la santé que la maladie, la richesse que la pauvreté, l’honneur que le déshonneur, une vie longue qu’une vie courte et ainsi de suite pour tout le reste, mais que nous désirions et choisissions uniquement ce qui nous conduit davantage à la fin pour laquelle nous sommes créés. » (Ignace de Loyola, Exercices Spirituels, no 23).

L’important durant cette étape, c’est d’avoir goûté ou expérimenter l’amour de Dieu pour soi et pour le monde et d’avoir obtenu la grâce de la liberté ou de l’indifférence ignatienne. Ceci ne s’acquiert pas à coup de volonté mais on le reçoit par grâce, comme un cadeau du Seigneur.
Bonne quinzaine,
Bernard Bélair, s.j.

Introduction à la première semaine
LE MAL UNIVERSEL

Nous commençons une nouvelle étape dans notre cheminement spirituel. Dans les Exercices spirituels, Ignace de Loyola nomme cette étape la première semaine. Il ne s’agit pas d’une semaine normale de sept jours, mais d’une phase de notre cheminement. Pour aborder cette étape, il est bon d’avoir cueilli les fruits de l’étape précédente : avoir goûté l’amour de Dieu pour nous et d’avoir reçu la grâce de la liberté, grâce qu’Ignace appelle l’indifférence. Nous entreprenons donc la première semaine qui nous invite à réfléchir et à prier sur le problème du mal, mais sous le soleil de l’amour de Dieu. Il ne s’agit pas ici de solutionner le problème du mal au plan philosophique mais de vivre une expérience spirituelle profonde. Saint Ignace nous suggère de faire nos temps de prières devant une croix, devant le Christ en croix. C’est le Christ en croix, prenant sur lui notre mal et le mal du monde qui ouvre pour nous la voie du salut.

Textes de la Parole de Dieu :

  • Genèse 3 : Récit de la chute des premiers parents : récit imagé qui veut nous montrer que l’être humain n’accepte pas sa condition humaine. Il veut être dieu par ses propres moyens.
  • Romains 1,16 à 4,28 : Histoire du mal dans le monde.
  • Baruch 1,15 à 3,8 : Renouvellement de l’Alliance et confession du peuple
  • Psaume 80

Il s’agit ici de réfléchir et de prier à partir du mal universel, du mal dans le monde. On peut s’aider de la lecture d’un journal, des nouvelles à télé, etc.

Que demander au Seigneur ?

Avoir le sens du péché. « Ainsi la connaissance que je cherche, ce n’est pas d’abord celle de mon péché. Je pourrais encore me comparer et me croire meilleurs. C’est la connaissance d’un mal dans lequel nous sommes tous plongés. Mal radical et universel. » (Jean Laplace) 

Pistes de réflexion :

  • Entrer dans une perspective qui nous amène à nous voir solidaires du désordre du monde et bénéficiaires avec toute l’humanité de tous les temps, du salut qui ne peut venir que de Dieu.
  • Développer une conscience vive du mal : explorer le mal pour mesurer l’amour de Dieu. (Psaume 51)
  • Ne pas quitter la première étape (le Principe et Fondement) en abordant la première semaine : laisser éclairer sa nuit par la lumière de Dieu, Créateur et Sauveur.
  • Reconnaître les difficultés que nous portons face au problème du mal, voir le livre de Job au chapitre 3.

« La création est appel et l’on peut toujours refuser de l’entendre… Ce n’est pas un hasard si la Bible nous présente ensemble la création et le péché de l’homme : la cassure se produit à l’occasion de l’appel à être. » (Marcel Domergue)

Bonne quinzaine, et n’oublier pas de noter vos réflexions…

Bernard Bélair, S.J.

PREMIÈRE SEMAINE
Au cœur de mes blessures, un Dieu de miséricorde
LE MAL PERSONNEL

Après avoir contemplé et prié sur le thème du mal universel, nous nous pencherons, au cours de cette quinzaine, sur notre mal personnel : notre histoire du mal. Il s’agit de descendre en nous-mêmes sous le soleil de l’amour miséricordieux de Dieu. Laissons-nous regarder par Dieu tel que nous sommes. Nos temps de prière ou de méditation se font devant le Christ en croix et à la fin nous terminons par une conversation amicale avec Jésus et nous poussons un cri d’admiration pour tant d’amour de sa part à notre endroit. Nous pouvons aussi nous demander ce que nous avons fait pour le Seigneur, ce que nous faisons et ce que nous ferons pour Lui.

TEXTES DE LA PAROLE DE DIEU

Matthieu 23 : Invectives contre les pharisiens
Psaume 129 : Des profondeurs je t’appelle, Seigneur…
Psaume 37 : Compte sur le Seigneur…
Luc 15, 3 à 31 : Jésus et les pécheurs
Jean 10, 1 à 16 : La parabole du berger

GRÂCE À DEMANDER :

Je demande de ressentir l’enfermement en moi-même, l’isolement des autres, conséquences du mystère du péché et accueillir l’amour libérateur que Jésus Christ apporte.


PISTES DE RÉFLEXION :

  • Prendre conscience du mal subi et du mal causé dans ma vie pour accueillir en vérité l’Amour libérateur de Dieu qui recrée en moi la vie et la capacité d’aimer à sa manière.
  • Poser sur moi-même un regard de tendresse et de miséricorde en m’accueillant moi-même pauvre et pécheur.
  • Accueillir humblement le salut de Dieu qui est son amour toujours offert, quel que soit le péché ou l’histoire de péché d’une personne. (1e Lettre de Jean 3, 1 à 9)
  • Faire la vérité sur mon être m’est révélé par Dieu. Demander à Dieu de me révéler le fond de moi-même.
  • Ne pas identifier au péché l’expression de mes limites et de mes pauvretés. Distinguer ce qui est de l’ordre de la responsabilité.
  • M’accueillir dans mon humanité blessée sous le regard aimant de Jésus.

N.B. : Si dans votre entourage, quelqu’un (e) connaît bien les Exercices spirituels de saint Ignace de Loyola, cette personne pourrait vous accompagner. Vous pourriez alors lui présenter les fruits de vos réflexions et de vos prières. Un accompagnement est très profitable dans ce cheminement spirituel.

Bonne quinzaine !

Bernard Bélair, S. J.

PREMIÈRE SEMAINE
« Jésus, Fils de Dieu, Sauveur. Aie pitié de moi, pécheur! »
À LA RACINE DU MAL, DU PÉCHÉ

Le déroulement cette cette étape est conçu pour conduire la personne à la prise de conscience de sa condition pécheresse dans un monde de péché. Est-ce que je vais donner plus de force à l’univers pécheur qui est en moi-même et dans l’humanité, ou bien est-ce que je vais lutter contre son empire ? Ma perception forte du péché me rend apte à mieux comprendre le poids du péché sur ma liberté intérieure et la manière dont il obscurcit ma vision spirituelle et diminue mon désir de Dieu au-delà de tout autre désir.

TEXTES DE LA PAROLE DE DIEU

Job 42, 1 à 6 : Job avoue son incompétence     Psaume 51 : La miséricorde

Matthieu 22, 1 à 14 : Invitation au repas de noces   Matthieu 25, 14 à 30 : Parabole des serviteurs.            Matthieu 13, 3 à 10 : Parabole du semeur.

2 Corinthiens 5,11 à 6,13 : Réconciliés avec Dieu par le Christ.

GRÂCE À DEMANDER

De dépasser le mal dans l’amour sauveur de Dieu.

  • Me regarder avec les yeux de Dieu : un regard qui appelle à exister.
  • Me laisser aimer par Dieu jusqu’au plus profond de mon être.
  • Apprendre à me pardonner à moi-même, à la manière de Jésus.
  • Dépasser le mal dans l’amour sauveur de Dieu.

PISTES DE RÉFLEXION :

  • Accepter de me retrouver nu, nue devant Dieu non pas pour être terrifié de ma nudité, mais dans le but de découvrir que son amour est ma seule sécurité.
  • Prendre le temps de découvrir mon état de pécheur et la gravité de mon péché et de prendre conscience de l’obscurité dans laquelle je vis et à laquelle je me suis habitué (e).
  • Voir le visage des personnes que j’ai pu éloigner du Seigneur par ma manière d’être et de faire, sans toujours m’en rendre compte.
  • Laisser monter en moi le cri d’admiration et de stupeur qui me vient en m’apercevant que je ne suis pas écrasé par Dieu, mais que je suis aimé malgré tout et que le Christ me tend les bras sur la croix.

P.S. N’oubliez pas de noter ce que vous vivez dans vos temps de prière dans votre journal spirituel. Je vous reviendrai dans trois semaines.

Faire vos temps de prière devant le Christ en croix.

Bernard Bélair, S. J.

PREMIÈRE SEMAINE
D’un enfermement à une liberté retrouvée
AMOUR LIBÉRATEUR

Nous sommes invités à déraciner le péché pour découvrir la racine de l’amour de Dieu en nous.

TEXTES DE LA PAROLE DE DIEU

Jean 3, 16 : Dieu a tellement aimé le monde…
Jean 8, 3 à 11 : Jésus et la femme adultère
Psaume 31 : Seigneur, c’est toi ma sécurité
Luc 15, 11 à 32 : L’accueil du fils prodigue
Luc 19, 1 à 10 : Jésus et Zachée

GRÂCE À DEMANDER :

Je demande de me laisser habiter par la gratuité de l’amour de Dieu pour que s’élargisse en moi le désir d’aimer… et d’aimer tout être humain, à la manière de Dieu. (Jean 15, 12)

PISTES DE RÉFLEXIONS :

  • Fixer votre attention sur un passage de la Parole de Dieu dont vous savez d’expérience qu’il vous amène à toucher la miséricorde de Dieu.
  • Voyer comment, il nous arrive de nous enfermer sur nous-mêmes et voir ce que cela produit dans notre vie. Ignace nous demande de méditer sur l’enfer. Cela demeure une possibilité car Dieu respecte notre liberté. Il ne peut nous sauver malgré nous. Enfer signifie enfermement. Ce n’est donc pas un lieu mais un état. Dans Le journal d’un curé de Campagne de Georges Bernanos, la comtesse du lieu demande au curé : «Qu’est-ce que l’enfer ?» Le curé de répondre : «L’enfer, madame, c’est de ne plus aimer!»
  • Prendre le temps d’accueillir la tendresse du Père, pour qui je suis toujours la centième brebis qu’il préfère aux quatre-vingt- dix- neuf autres. (Luc 15, 4).
  • Demander à Marie, à son Fils et au Père la triple grâce :
  • Aller au cœur du péché, non à l’acte matériel mais à ce qui sort du cœur humain et le rend impur (Marc 7,15)
  • Sentir le désordre de mon activité, ce cœur double qui veut servir deux maîtres  (Luc 16,13) et cet œil enténébré qui plonge tout le corps dans les ténèbres. (Luc 11, 33 à 36)
  • Connaître le monde, ce monde qui est rempli du moi replié sur lui-même et en qui ne peut être l’amour du Père. (1 Jean 2, 15 à 17)

Cette huitième proposition clôt la première semaine (étape) des Exercices spirituels de saint Ignace de Loyola. À la fin d’une étape, il est conseillé d’en faire la relecture en notant les prises de conscience, les grâces obtenues, les alternances de consolations et désolations et leurs causes. Cette relecture d’étape aurait avantage à être vécue avec un accompagnateur ou une accompagnatrice.

Bonne quinzaine,

Bernard Bélair, S. J.

«ET VOUS QUI DITES-VOUS QUE JE SUIS ?»
L’APPPEL DU CHRIST

Aujourd’hui, nous abordons une nouvelle étape qui enrichira votre cheminement spirituel. En langage ignatien, cet exercice qui fait le passage entre la première semaine et la seconde s’appelle la contemplation du Règne. Il s’agit évidemment du Règne du Christ. Dans cette contemplation, Ignace nous fait faire une pause réflexion. Un temps de transition entre ce que nous avons vécu jusqu’à maintenant et ce que nous aurons à vivre dans les semaines qui suivent.

Un peu d’histoire, afin de mieux comprendre l’exercice proposé. Ignace de Loyola était un chevalier au service du roi d’Espagne. C’est pourquoi, il parle de royaume et de Règne. Après sa conversion, il fait une longue nuit de prière devant la statue de la Vierge à l’abbaye de Montserrat où il se dépouille de ses armes après avoir revêtu un habit de pèlerin. Il se dirigera ensuite vers une bourgade du nom de Manrèse où il voudra imiter les saints dont il a lu les vies durant sa longue convalescence après avoir été blessé à la guerre. Il renie donc son passé de chevalier et s’adonne à des austérités sans aucun discernement. Cela le conduira au bord du suicide. Laissons Ignace à ses austérités et revenons à notre démarche.

Jusqu’à maintenant, vous avez pu prendre conscience que la vie est fondée sur l’amour libérateur de Dieu qui nous recrée sans cesse dans son amour. La première étape a construit davantage la confiance fondamentale au Dieu de la vie et consolider votre certitude que la vie est bonne. Vous avez expérimenté le dessein d’amour de Dieu sur notre monde et sur chacune de vos vies. Vous avez aussi constaté le décalage existant entre le projet d’amour et la réalité concrète, celle du monde et la nôtre. Nous sommes descendus dans ce monde blessé et cassé dont nous sommes solidaires, parce que nous sommes pécheurs. Nous avons fait l’expérience de l’Amour totalement gratuit et miséricordieux de Jésus crucifié. Nous avons peu à peu découvert que l’amour du Christ est venu nous rejoindre au cœur de notre misère.

Cette libération provoque un mouvement de joie et de reconnaissance. C’est parce que nous avons été libérés de ce qui entrave notre vie que nous pouvons nous offrir dans la confiance radicale au Christ qui nous invite à nous identifier à son projet. Nous entrons dans une nouvelle étape. Les blessures de nos péchés sont toujours là mais quelque peu guéries ou transfigurées. L’exercice du Règne nous resituera dans le désir que nous portons de vouloir suivre le Christ. Comment le faire ?

Revenons d’abord à Ignace de Loyola. Nous l’avons laissé à Manrèse au bord du suicide. À Montserrat devant la Vierge il avait offert sa vie en reniant son passé de chevalier pour prendre un autre vêtement, qui n’était pas le sien : il se met à imiter les saints sans discernement. Ignace choisit de devenir un autre que lui-même d’où l’ambigüité de son offrande de Montserrat et la grande dépression qui suivit cette-dernière. Heureusement, au creux de sa misère, il fit une expérience d’illumination, de lumière intérieure; où la miséricorde de Dieu a atteint les profondeurs de sa réalité de mal personnel et à favoriser en lui le dénouement : «Il s’éveilla comme d’un rêve…» écrit-il lui-même. De cette expérience de miséricorde, il a reconnu l’absolu gratuité de l’amour de Dieu, qu’il n’a pas à mériter cet amour, par ses jeûnes et ses autres austérités. Il réalise aussi que Dieu l’appelle à établir une relation d’intimité avec Lui, tel qu’il est, avec ses grandeurs et ses misères…

À partir de ce jour-là, comme il l’écrit dans son autobiographie : « Dieu se comportait avec lui de la même manière qu’un maître d’école se comporte avec un enfant… il l’enseignait.» Cette étape que nous entreprenons en est une de fréquentation et d’intimité avec le Christ. Dans son expérience, Ignace a saisi que Dieu ne lui demande pas d’être quelqu’un d’autre, mais, que c’est tout lui, avec ses désirs, ses forces, ainsi qu’avec ses limites et ses misères que Dieu l’aime et l’appelle.

L’exercice que nous entreprenons en est un de discernement et de lucidité. Dans un élan de vouloir se donner au Christ, on risque de tomber dans des excès comme le fit Ignace. Ignace avait renié son rêve de chevalier pour prendre un vêtement qui n’était pas le sien en imitant les saints sans discernement. Ignace devenait un autre que lui-même, d’où l’ambigüité de son offrande  et la grande dépression qui a suivi : son offrande (de Montserrat) était encore teintée d’imaginaire. Il avait à récupérer ses forces de vie pour mieux les ordonner. C’est ce qu’il fait avec l’exercice du Règne que je vous propose. Ignace revoit et corrige son offrande de Montserrat. Au lieu de se départir de son rêve de chevalier, il le réajuste dans une nouvelle orientation. L’appel du Christ le rejoint dans toute sa vie, ce qui lui fait retrouver le goût de vivre en récupérant son rêve de vie. C’est à partir de son rêve chevaleresque que Dieu l’appelle et qu’Ignace mobilise tous ses élans de vie pour se livrer au service du Royaume et du Roi éternel. L’appel de Dieu le rejoint au cœur même de son désir de chevalier et l’invite à l’ordonner au service du Royaume de Dieu à la suite du Christ.  Son rêve de vie devient le désir de Dieu en lui.

Notre désir de vivre est la prolongation du désir de Dieu en nous, c’est ce qu’Ignace réalise à travers cette expérience. Il sera chevalier au service du Royaume de Dieu, au service du Roi éternel. De plus, Ignace réalise que le Christ n’est pas un roi extérieur à lui, qu’il faut servir en faisant de grandes choses, mais un Dieu intérieur, qu’il faut d’abord écouter, fréquenter afin de se laisser former et transformer par son Esprit Saint. Et cette prise de conscience sera fondamentale pour Ignace dans la suite de sa vie spirituelle.

L’exercice du Règne vient favoriser chez la personne qui vit cette expérience, ce même mouvement de vie et d’offrande qu’a vécu Ignace dans son expérience spirituelle. Ainsi, cet exercice vous invitera à cueillir le fruit de libération de l’étape que vous venez de terminer. Vos dynamismes de vie, votre générosité, le Seigneur vous proposera de l’ordonner à son service. Dans cet exercice vous serez invités à récupérer ce que vous êtes, en vérité, avec vos projets, vos désirs, vos rêves afin qu’en vous les appropriant vous puissiez ordonner tout cela et vous offrir au Seigneur.

L’exercice du Règne comprend trois éléments importants :

  1. Le projet de vie (la parabole)
  2. L’appel du Christ
  3. La réponse à cet appel
  1. PROJET DE VIE, REGARD SUR MA RÉALITÉ :«Qui suis-je, moi, que le Seigneur appelle à sa suite ?»
  • Revoir dans votre vie tous les projets, les ambitions, les rêves qui sont déjà présents depuis votre enfance jusqu’à aujourd’hui. Cela me permet de situer mon histoire dans la grande histoire universelle.
  •  Cet exercice vous invitera à vous réapproprier l’ensemble de vos projets de vie, de vos désirs et de vos rêves réalisés ou non, afin de reprendre contact avec votre dynamisme de vie, vos forces vives, vos talents et de cette expérience de relecture, vous êtes invités à laisser surgir une parabole…

Qu’est-ce qu’une parabole ?

La parabole, c’est une image, un objet ou un symbole qui est utilisé pour parler d’une réalité abstraite. Ça nous  permet d’imager une expérience pour pouvoir en parler…

Cet exercice présente le désir de vivre au cœur de notre histoire. Quand j’ai des projets, des rêves, un idéal, je suis plein de vie. Ce peut-il que le Christ m’appelle à partir de mes rêves de vie ou à les sacrifier ? Nous allons le voir…

Exemples : Des gens donnent leur vie pour une cause. Jean Vanier, l’abbé Pierre, Mère Theresa. Combien de personnes que vous connaissez qui ont eu des rêves et que finalement cela a changé leur vie, même le monde.

Est-ce qu’il y a un lien entre tous ces rêves ? Un fil conducteur ? Êtes –vous prêt à mobiliser toutes vos énergies pour réaliser votre rêve ?

Je vous invite à écrire votre parabole. Par des symboles racontez votre histoire de vie, votre vérité qui se cache dans vos aspirations profondes.

Donc la parabole, sera utilisée pour imager votre dynamisme de vie et en dégager son histoire, y révéler son désir… Donc, après avoir fait l’inventaire de vos projets et de vos rêves, vous serez en mesure de contacter votre dynamisme de vie, qui vous habite et de le projeter dans une parabole ou un symbole afin de pouvoir le laisser parler, le laisser se révéler à vous.

Aussi, cet exercice devrait vous permettre d’expérimenter ou de goûter le désir de vie qui vous dynamise, une force nouvelle qui se déploie en vous en lien avec votre rêve de vie, ce que vous désirez devenir : la grande dame ou le grand homme que vous aspirez être ou devenir !

Le rêve d’Ignace était d’être un grand chevalier. Car cette image de chevalerie faisait partie de sa culture et de son époque. Or, à partir de cette image, il pouvait synthétiser facilement son désir de se réaliser, son désir de s’offrir au service de son pays et, c’est ce même désir qu’il ordonna au service de Dieu. Cette image du chevalier était pour lui un moyen d’intégrer son désir de devenir un grand homme, en révélant le désir de s’offrir qu’il portait.

Vous pouvez partir du symbole d’un héros ou d’une héroïne d’un film qui vous inspire… ou l’image d’une grande personnalité que vous connaissez. Vous pouvez aussi utiliser un élément de la nature pour relater l’histoire de votre désir de vous réaliser, de vous offrir : relater l’histoire d’une plante, d’un arbre ou d’une source d’eau sur les quels vous projetez votre dynamisme de vie et vos aspirations pour l’avenir. Peu importe la parabole que vous utiliserez, laissez-la jaillir de votre expérience de relecture de votre histoire.

VERITÉ DU CHRIST,  SON APPEL

Maintenant, regardez le Christ. Qui est le Christ qui m’appelle à le suivre ? L’appel du Christ se greffe dans la profondeur du désir inscrit dans les racines de votre être, désir qui va s’exprimer à travers votre parabole. Loin d’avoir rejeté ses vieux rêves de chevalier désirant se mettre au service d’un roi, Ignace a pris conscience que l’appel du Christ intégrait toute la richesse de sa personne, en venant chercher son désir de chevalerie. Ainsi le Christ s’est présenté à lui sous les traits d’un roi, un roi l’appelant à vivre et à travailler avec Lui, afin d’étendre le règne de Dieu partout dans le monde.

Ce que l’on peut constater ici, c’est qu’il y a une correspondance  entre le désir d’Ignace d’être chevalier et l’appel du Christ qui se présente à lui comme un roi. Le visage sous lequel le Christ se présente à Ignace correspond ou répond au désir profond que porte Ignace d’être un chevalier : son désir de s’offrir, de servir, de s’engager au service d’un roi. (C’est sa parabole)

Aussi, par cet exercice, vous êtes invités à découvrir et à accueillir, sous quel visage ou sous quel trait, le Christ vous appelle à le suivre et cela au niveau de votre parabole, de votre symbole, au niveau du désir profond qui vous anime d’être ou de devenir un  grand homme ou une grande dame ! Ce qui est important de saisir, c’est que le Christ ne vous demande pas de renier ce que vous êtes, de rejeter votre désir profond, votre rêve de vie pour le suivre, mais au contraire, il vous offre le moyen de le réaliser. Il vous invite à le mettre au service du Royaume, à l’ordonner à la réalisation du Règne de Dieu : Règne d’amour, de justice, de vérité, de compassion et de paix.

Or, à cette étape, nous entendons l’appel à nous laisser libérer par le Christ, l’appel à le suivre et à le laisser agir en nous, mais en même temps, nous craignons ses demandes et nous nous inquiétons du chemin qu’il tracera pour nous. Ces résistances sont normales. La peur de se rejeter soi-même pour Le suivre est habituellement ressentie à cette étape, pourtant, la vérité est à l’opposé : s’offrir au Christ, c’est Lui permettre de nous aider à nous approprier notre être afin qu’il se réalise en Lui. De plus, il est clair que notre capacité de nous offrir radicalement sera proportionnelle à l’expérience du Dieu amour et miséricorde que nous avons faite à travers les exercices de la phase précédente.  Car, nous ne pouvons nous offrir, offrir notre vie, notre avenir à quelqu’un sans d’abord être pleinement assuré de son amour inconditionnel pour nous. Nous avons besoin d’être enracinés minimalement dans la confiance au Dieu de la vie, au Dieu amour pour pouvoir vivre cet exercice d’offrande.

Ainsi, ce sera avec votre dynamisme de vie actuelle et vos misères que vous êtes invités à vous offrir au Christ. Ce sera avec votre dynamisme de vie actuelle, avec vos forces vives et vos talents mais aussi avec la conscience de vos faiblesses et de vos insécurités profondes que vous allez consentir à vous offrir pour ÊTRE AVEC LUI et partager sa mission.

  • L’appel du Christ se greffe dans la profondeur du désir inscrit dans le fond de mon être. Il m’appelle À PARTIR DE CE QUE JE SUIS.
  • La force d’attraction qu’il exerce sur moi dépasse les obstacles rencontrés et permet l’alliance profonde entre mon rêve de vie et le projet du Christ.

PRIÈRE D’OFFRANDE

Le Christ m’appelle à le suivre dans sa mission. Quelle réponse vais-je lui donner ?

  • À partir de ma parabole et de l’attrait que le Christ exerce sur moi, s’amorce un temps de prière où dans le tréfonds de mon cœur, je discerne mon choix de le suivre et de m’offrir en toute vérité.
  • L’offrande est un chèque en blanc. Je fais confiance, je ne sais pas ce que le Seigneur écrira sur ce chèque. Maintenant, ne cherchez pas à savoir ce que le Seigneur veut de vous. Je dis au Seigneur, tu mettras ce que tu veux, je suis d’accord. Je te fais confiance.
  • L’offrande que vous ferez n’est pas une offrande pour toujours. Vous offrez ce que vous êtes maintenant et là où vous en êtes dans votre cheminement. S.V.P. Pas de peurs anticipées…
  • C’est donc ma vérité que je présenterai à la vérité du Christ pour m’offrir totalement et radicalement à Lui.
  • À la fin de cette quinzaine, vous pourrez  écrire votre prière d’offrande. Il faut que cette prière jaillisse du cœur. Offrande totale de tout votre être sans rien préciser du comment.

À titre d’exemple voici la prière d’offrande D’Ignace de Loyola :

« Éternel Seigneur de toutes choses, je fais mon offrande, avec votre faveur et votre aide, en présence de votre infinie bonté et en présence de votre mère glorieuse et de tous les saints et saintes de la cour céleste : je veux et je désire, et c’est ma décision délibérée pourvu que ce soit votre plus grand service et votre plus grande louange, vous imiter en endurant tous les outrages, tout blâmes et toute pauvreté, aussi bien effective que spirituelle, si votre très sainte Majesté veut me choisir et me recevoir en cette vie et en cet état.»

(Rappelons-nous qu’il s’agit d’un écrit du XV1e siècle)

TEXTES DE L’ÉCITURE SAINTE :

Voici quelques textes d’évangile qui pourront nourrir vos réflexions priantes :

Luc 4, 16 à 30 : Jésus qui ouvre le livre et livre son rêve de vie

Luc 9, 13 à 30 : Pierre qui exprime qui est Jésus pour lui

GRÂCE À DEMANDER :

DEMANDER À NOTRE SEIGNEUR LA GRÂCE DE N’ÊTRE PAS SOURD(E) À SON APPEL, MAIS PROMPT(E) ET DILIGENT(E) POUR ACCOMPLIR SA TRÈS SAINTE VOLONTÉ.  (Exercices spirituels no 91)

« Entendre l’appel à aimer en suivant et suivre exige d’imiter » (Adrien Demoustier )

DEUXIÈME SEMAINE
L’INCARNATION ET L’ANNONCIATION

Aujourd’hui, nous entrons dans la deuxième semaine des Exercices spirituels. Nous passons maintenant dans un mode contemplatif durant nos temps de prière. Jusqu’à maintenant, nous avons réfléchi et médité. Je vous explique brièvement ce qu’Ignace de Loyola entend par contemplation. D’abord, il s’agit de lire attentivement la scène évangélique qui vous est proposée. Ensuite en vous aidant de votre imagination, voir les personnes qui vivent la scène en question, puis voir les lieux où se déroule la scène. Ensuite nous sommes invités à entendre, écouter les personnes, sentir l’atmosphère de la scène et goûter intérieurement la scène contempler. Nous terminons les contemplation par un dialogue amical avec Jésus, avec Marie ou tout autre personnage. Cette méthode de prière est utilisée avec les scènes tirées des Évangiles. Les autres textes suggérés sont plutôt à méditer ou à nourrir votre réflexion. Vous notez toujours ce qui s’est vécu durant vos contemplations.

CONTEMPLATION DE L’INCARNATION

Cette contemplation fait appel essentiellement à votre imagination. Il n’y a que le texte d’Ignace pour nourrir votre imagination. Je vous le résume en termes d’aujourd’hui. Voici la mise en scène :

  • À l’aide de votre imagination, voir la Trinité (le Père, le Fils et l’Esprit Saint) qui regarde un globe terrestre et voit ce qui se passe sur la surface de la terre.
  • Voir ce que la Trinité contemple sur la surface de la terre : Des personnes de toutes races, des gens en paix d’autres en guerre, des gens qui rient d’autres qui pleurent, des miséreux, des riches, des gens en santé d’autres malades. Des gens qui naissent, d’autres qui meurent, etc.
  • Voir comment les gens agissent entre eux : marques d’affection, insultes, intimidations, tendresse, compassion, violence, meurtres, etc.
  • Devant ce spectacle, où l’être humain s’en va sa perdition, comment réagissent les membres de la Trinité. Ils s’entendent pour envoyer le Fils pour sauver ce monde, lui redonner espoir, lui démontrer l’amour du Père pour ce monde qui est le nôtre.
  • Terminer votre contemplation par une conversation amicale avec  chacune des personnes de la Trinité.

GRÂCE À DEMANDER : Demander une connaissance intime du Seigneur qui pour moi s’est fait homme, pour que je l’aime et suive davantage.

CONTEMPLATION DE L’ANNONCIATION À MARIE

Texte de l’évangile de Luc (Luc 1, 26 à 38)

Afin de concrétiser leur décision d’envoyer le Fils sauver le monde, il faut que celui-ci s’incarne et l’ange Gabriel est envoyé à Marie.

  1. Lire le texte
  2. Se rendre présent(e) à la scène. Me voir dans la chambre de Marie car je suis un serviteur ou une servante dans la maison de Marie. Regarder bien la pièce où vous êtes. Vous voyez une belle grande fenêtre où la lumière entre de même que la chaleur.
  3. Marie est assise sur son lit et est inondée de lumière et entreprend un dialogue avec cette lumière qui symbolise l’ange Gabriel. (cf. Le film Jésus de Nazareth) Entendre les paroles de l’ange et les réponses de Marie.
  4. Terminer par un dialogue amical avec Marie, la servante du Seigneur qui a accepté d’être la mère de Jésus

AUTRES TEXTES DE L’ÉCRITURE SAINTE :

Matthieu 1, 18 à 25 L’annonce faite à Joseph

Philippiens 2, 6 à 11 : Humilité et grandeur de Jésus

Jean 1, 1 à 18 : Prologue de l’évangile de Jean

PISTES DE RÉFLEXION :

  • Emprunter d’abord la vision ignatienne de l’Incarnation qui nous situe dans le projet de Dieu sur le monde, un projet de salut toujours actuel.
  • Se mettre dans une attitude de contemplation, de décentration de soi; le Christ est celui vers lequel se porte le regard et toute l’attention.
  • Par Jésus, Dieu s’approche, il fait irruption dans l’histoire de l’humanité. En Jésus, c’est Dieu qui se donne. « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime.» En devenant humain, Dieu nous humanise et nous divinise.
  • Demander à Marie de nous faire entrer dans la connaissance intime de celui qui a pris chair en elle.

« Choisir entre l’humain et le divin, c’est méconnaître l’Incarnation, car l’Incarnation est précisément l’union indissoluble de Dieu et de l’humain dans le Christ. Il n’y a pas à choisir entre l’humain et Dieu. S’il est vrai que c’est le même, le Christ qui est l’humain et qui est Dieu.» (François Varillon, s.j.)

«L’Incarnation n’est pas un événement quelconque dans le cours de l’histoire humaine. C’est un mystère insondable (Romains 11, 33; 16, 25 – 27) qui ne nous est connu que par la révélation que Dieu nous en fait et ne peut être reconnu que dans la foi. C’est pourquoi saint Ignace demande aux personnes qui font les Exercices de commencer par la prière : il faut demander une grâce de lumière et d’intelligence spirituelle. Et puisque l’événement est un geste d’amour, qui comme tel ne peut être réellement connu que de l’intérieur, ce que je demande, c’est la connaissance intime du Seigneur lui-même.»     (Donatien Mollat, s.j.)

Bonne quinzaine,

Bernard Bélair, s.j.

DEUXIÈME SEMAINE
« Et le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous et nous avons contemplé sa gloire.» (Jean 1, 14)
DE LA NAISSANCE DE JÉSUS À SA PRÉSENTATION AU TEMPLE

TEXTES DE LA PAROLE DE DIEU :

MATTHIEU 1,18 À 2,23 : Annonce faite à Joseph, Naissance de Jésus et visite des mages
LUC 2, 1à 38 : Autre récit de la naissance de Jésus, visite des bergers et Jésus présenté au temple.
PSAUME 42  et PSAUME 83

GRÂCE À DEMANDER

Je demande à connaître intimement le Christ Jésus qui pour moi s’est fait homme afin que je l’aime et suive davantage.

PISTES DE RÉFLEXION :

  • Vous pouvez contempler les scènes à la manière d’Ignace de Loyola, utilisant vos sens et en vous laissant toucher par le mystère. Prendre le temps de goûter et de converser avec le Seigneur.
  • Contempler les mystères du Christ au présent de ma vie et pas seulement en faire mémoire.
  • Me rendre disponible à l’expérience et me laisser imprégner par elle.
  • Noter ce que vous conservez de votre contemplation : les consolations, les désolations, les lumières (les prises de conscience), les difficultés. Cela vous sera précieux dans quelques temps.
  • Prier pour tous ceux et celles qui vivent la même expérience de ces Exercices spirituels.

Bonne quinzaine,

Bernard Bélair, s.j.

DEUXIÈME SEMAINE
«N’est-ce pas le fils du charpentier ?»
LA VIE CACHÉE ET JÉSUS AU TEMPLE

TEXTES DE LA PAROLE DE DIEU :

Luc 2, 41 à 52 : Jésus au temple et vie cachée.
Psaumes 91 et 119
Genèse 12

GRÂCE À DEMANDER :

Je demande de connaître intimement Jésus dans le mystère de sa vie cachée qui me révèle l’importance des petites choses.

RÉFLEXION :

Nous abordons aujourd’hui un beau mystère, celui de la vie cachée de Jésus. Nous ne prenons pas toujours le temps de nous y arrêter. Il est vrai que nous n’avons pas beaucoup d’écrits sur cette période de la vie de Jésus. Le père Kolvenbach ancien supérieur général des Jésuites disait : « Ne cachez pas la vie cachée de jésus, la vie cachée est la majeure partie de la vie de Jésus. Ne faisons pas comme si elle n’avait pas existée.»

Ignace, dans le Exercices trouve important de nous y arrêter longuement. C’est une étape extraordinaire pour y découvrir l’ordinaire de notre vie habitée par Dieu. Cet exercice peut avoir beaucoup de goût.

À ce moment-ci, notre contemplation se fait plus intérieure, plus silencieuse. Vous aurez peut-être l’impression qu’il ne se passe pas grand chose. Durez dans la prière même si c’est aride.

Contempler l’être Sauveur du Christ dans le silence de ses trente ans à Nazareth. Vivez cette étape en étant très proche de Marie et de Joseph. On dira plus tard dans l’évangile : qui est-il pour parler ainsi ? Que peut-il sortir de bon de Nazareth.

Il y a une disproportion statistique énorme : 30 ans de vie ordinaire, 3 ans de prédication, 3 jours de liturgie durant la Passion et 3 heures sur la croix ! Je pense qu’avec le temps on a eu tendance à inverser cela dans notre cheminement : 30 ans de liturgie, 3 ans de prédication et 3 jours de vie ordinaire ! Nous pouvons éprouver une incompréhension dans la manière de faire de Dieu. Le Verbe de Dieu, la Parole se tait pendant 30 ans. Dieu qui est là et on ne s’en aperçoit pas.

Dieu se donne à rencontrer dans les autres. Tout au long de ses années, Jésus tisse des liens avec la famille, les voisins, etc. Nous verrons que la qualité de la vie publique de Jésus est garantie par sa vie ordinaire.

Au retour d’Égypte, Marie, Joseph et Jésus se rendent chez eux à Nazareth. Les voilà dans l’anonymat. Plus de chant d’anges, plus d’étoile ni de mages, mais une simple maison. C’est là qu’ils vont gagner leur vie. Joseph comme charpentier qui remplit son rôle de père nourricier et Marie comme une mère de famille. Ils vont élever leur petit dans la vie quotidienne et banale de tous les jours. Une vie sans histoire où en apparence, il ne se passe rien. Mais une vie où le jeune Jésus fera l’apprentissage de sa vie d’homme et de sa mission. Jésus s’est inculturé. Il a appris à prier, à se mettre en relation avec son milieu, vivre la vie banale que menaient les gens de son temps et de son milieu. Jésus a vécu sa vie familiale avec ses hauts et ses bas. Il a eu des amis. Il était au courant de la vie économique, il appris à vendre en travaillant avec Joseph. Jésus a vécu les rituels de sa foi juive : le sabbat, les fêtes, la synagogue, la montée annuelle à  Jérusalem.

Il n’est pas étonnant que les évangiles soient silencieux sur cette période de la vie de Jésus. Et pourtant, tout au long de sa vie publique, Jésus utilisera des images puisées durant sa vie cachée. Que ce soit en regardant les oiseaux du ciel ou en observant Marie en train de mettre une pièce sur un vêtement usagé.

Ignace accorde donc une grande importance à la vie cachée de Jésus. Il nous propose deux contemplations : la vie à Nazareth et Jésus au temple.

À Nazareth, Jésus continue de grandir en sagesse et en grâce comme nous le dit saint Luc. Nous n’entendrons pas parler de lui avant l’âge de douze ans. Ce serait, je crois une erreur que de croire que Jésus durant sa vie cachée ne faisait que se préparer à sa mission. Ce serait nier tout un aspect de l’Incarnation. Jésus a vécu toutes les étapes du développement humain normal. Il a eu une enfance, une adolescence, une vie de jeune adulte et une vie adulte comme tout le monde. Il n’a sauté aucune étape. L’amour de Dieu que nous avons expérimenté lors du Principe et Fondement est le même amour qui s’incarne en Jésus. Il nous aime assez pour vivre la banalité de la vie quotidienne et lui donner un sens. Il nous aime depuis sa naissance touchante jusqu’à l’horreur de la croix. Entre ces deux pôles, il y a toute la vie ordinaire et la vie publique. C’est à Nazareth que Jésus se révèle un Dieu pauvre et humble. Nazareth, petit bourg de Galilée qui n’a pas très bonne réputation…« De Nazareth, que peut-il sortir de bon !»

NAZARETH, C’EST L’INCARNATION :

Jésus a vécu comme tous les enfants. Il a eu besoin de sa mère pour le laver, le nourrir, lui apprendre à marcher. Jésus a longuement regardé Marie s’occuper de la maison. Il observe comment elle fait. Plus tard, il parlera du levain dans la pâte, de la femme qui balaie la maison pour retrouver une piécette d’argent. Il ira dans les champs observer les oiseaux du ciel, il admirera les lis des champs.

Il a ri de plaisirs dans les bras de Joseph, qui plus tard lui a montré à travailler le bois, à scier une planche. Il observait Joseph dans son métier de charpentier. Avec son père, il a connu la fatigue après une journée de jeu et de travail et on dira de lui qu’il est le fils du charpentier. Il a eu des petits amis avec qui il jouait et courait. Ses parents lui ont montré à prier, à lire, à écrire, à respecter la loi de Moïse. Rien ne le distinguait des autres enfants.

La vie cachée, c’est le temps de la lente maturation pour approfondir le sens des choses. Nazareth, c’est la vie de Jésus qui nous enseigne le respect des choses et des personnes, le respect de la vie dans sa banalité quotidienne. En prenant le temps de vivre sa vie cachée, Jésus a donné un sens à la vie quotidienne. Depuis qu’il l’a vécue, elle est porteuse de divin. Chaque détail qui, en apparence, peut paraître banal  devient un lieu de rencontre avec Dieu. Par son Incarnation et sa vie cachée, Jésus atteste la grandeur de la vie quotidienne. Notre vie dans les actes simples de tous les jours peut être féconde. Prenons le temps de regarder notre vie de tous les jours. Il n’y a rien d’insignifiant dans notre vie depuis que le Christ est venu vivre notre condition humaine. Il a divinisé notre vécu ordinaire. Jésus n’est pas prêtre, ni rabbin, ni lévite, c’est un laïc ordinaire. Dans une première contemplation, nous pouvons voir la Sainte Famille à Nazareth dans sa vie de tous les jours. Contempler les différents aspects de cette vie ordinaire. Laissez-vous toucher, émouvoir par les scènes qui s’offrent à vous. Regarder aussi votre vie quotidienne, voyez comment elle peut être porteuse de vie.

JÉSUS AU TEMPLE

Jésus a douze ans. C’est le moment pour lui de se rendre au temple de Jérusalem puisque chez les Juifs, le jeune devient majeur à douze ans. Ce qui veut dire que Jésus est en âge de prendre des décisions personnelles et peut aussi lire des passages de l’Écriture sainte à la synagogue.

Jean Lafrance, dans son livre intitulé : En prière avec Marie la Mère de Jésus, à la page 149 :« Chez Jésus, la condition de Fils du Père avait tellement épousé la condition humaine, qu’il vivait cette harmonie le plus simplement du monde, dans la douceur et la tendresse des relations familiales. Au fond, Jésus priait son Père aussi aisément qu’il aimait ses parents de la terre et leur obéissait. Son père et sa mère ne soupçonnaient sûrement pas la profondeur de cette intimité avec le Père et c’est pourquoi ils ne pouvaient s’expliquer la conduite de Jésus.» Marie et Joseph ne sont pas trop conscients du changement qui s’opère dans le cœur de leur fils. Ils sont tout simplement bouleversés comme le seraient tous les parents du monde devant une fugue de leur enfant. Et Marie va confronter son fils : « Pourquoi nous as-tu fait cela ? Ton père et moi nous te cherchions tout angoissés.» Et Jésus, au lieu de s’excuser va répondre par une autre question : « Pourquoi me cherchez-vous ? Vous ne savez donc pas que je dois être dans la maison de mon Père ?» C’est la première parole historique de Jésus et elle concerne son Père. Sa dernière parole aussi sur la croix : « Père, je remets ma vie entre tes mains.» (Luc 23,46) Toute sa vie est orientée vers le Père.

  • Prenez le temps de vous laisser rejoindre par les scènes de la vie à Nazareth et la visite de Jésus au temple. Voyez Jésus se transformer peu à peu à mesure qu’il prenait conscience de qui il était. Comme il prenait conscience de la situation politique de son pays et comment il pouvait réagir devant l’oppression que les Romains exerçaient sur le peuple. Voyez aussi Marie qui conservait tout cela dans son cœur, prenant conscience un peu plus de ce qui habitait le cœur de son fils.
  • Dans la vie ordinaire, Marie et Joseph ont discerné la présence de Dieu. C’est au cœur des décisions toutes simples qu’ils ont discerné la volonté de Dieu. Si nous sommes attentifs à ce que nous vivons dans notre vie ordinaire, nous comprendrons mieux ce que Jésus a vécu et comme Marie et Joseph nous aurons des lumières pour les décisions à prendre dans le discernement de la volonté de Dieu.
  • Regarder aussi votre Nazareth. Avec Jésus vivez votre offrande ( du Règne) en étroite union de cœur, de pensée avec le Père.  Voyez-le pleinement humain mêlé à votre vie dans ce qu’elle a de plus ordinaire. Ne laissez rien de côté. Comme Jésus, récupérez votre vie dans les moindres détails du quotidien. Tout devient lieu de rencontre, lieu de l’accomplissement de la volonté de Dieu.
  • En quoi votre vie ordinaire est-elle le lieu pour trouver Dieu au quotidien ?

Se poser la question :

  • Suis-je bien dans ma vie ordinaire ou ai-je le goût d’être ailleurs ?
  • Suis-je convaincu qu’il n’y a rien d’insignifiant dans les détails de ma vie. Tout est sacré.
  • Suis-je capable de reconnaître Jésus dans ma vie quotidienne ?

Aujourd’hui, inviter Jésus avec Marie et Joseph dans vos appartements, dans votre vie ordinaire. Écouter ce qu’ils ont à vous dire.

Bonne quinzaine,

Bernard Bélair, s.j.

DEUXIÈME SEMAINE
MÉDITATIONS IGNATIENNES

  • INTRODUCTION À L’ÉLECTION
  • LES ÉTENDARDS
  • LES CLASSES D’HOMMES

INTRODUCTION

Nous allons nous engager dans la contemplation de la vie publique de Jésus en étant conscient(e) de ce qui se passe en nous. Nous sommes placés devant un choix à faire : prendre le chemin avec Jésus ou prendre une autre route. Durant sa vie cachée, Jésus grandit et nous grandissons avec Lui. Mais, nous avons à décider d’opter pour la manière d’être de Jésus et à refaire nos choix en prenant son chemin. Mais avant d’entrer dans les mystères de la vie publique de Jésus, saint Ignace nous propose une méditation qu’il intitule : les deux étendards que nous pourrions aussi appeler les deux routes ou les deux voies. Ici, Ignace pose le problème des options fondamentales qui tiraillent l’être humain depuis toujours. Cette méditation purement ignatienne s’inspire du Psaume 1, du Deutéronome 30, 15 à 20 et des deux cités de saint Augustin. L’enjeu de cette méditation, c’est d’un côté se garder des pièges et non pas se méfier de quelqu’un et de l’autre, se confier à quelqu’un, lui faire confiance jusqu’à l’imiter.

Dans cette méditation, nous sommes placés devant deux champs de forces spirituelles opposées l’une à l’autre. Mais, n’oublions pas qu’au point où nous en sommes dans notre démarche, nous sommes déjà du côté de Jésus, dans son amitié et à l’intérieur même de cette amitié. Mais le danger existe de nous laisser récupérer par l’autre champ des forces spirituelles. Donc, Ignace nous invite à être attentives, attentifs. Car, l’ennemi c’est celui qui attaque (1 Pierre 5, 8); il faut apprendre à se méfier de ses tromperies. Le cardinal Martini nous dit ceci : « Il est clair que la vie chrétienne, telle que la conçoit saint Ignace, est un perpétuel conflit. Elle n’a rien d’un simple déroulement progressif de l’apprentissage de la vie avec le Christ; non, au contraire, c’est une lutte sans merci entre deux chefs en totale opposition; l’un est l’image de Jésus, prince de la vie, de la filiation; l’autre est personnifié par Lucifer, qui symbolise le prince de la mort et la destruction de toute filiation.

Donc, il y a des résistances, des obstacles, le combat est présent. Demandons la grâce d’une connaissance intime de Jésus afin d’être lucide face aux tromperies de l’ennemi. Demandons la lumière qui vous permettra de vérifier votre capacité d’entendre l’appel du Seigneur.

Continuons de contempler Jésus qui prend le chemin du serviteur, en demeurant lucide face à l’autre chemin, où nous risquons de nos laisser happer, pour les meilleurs motifs, c’est-à-dire par des tentations sous forme de bien, mais, dont le but non avoué est de nous faire quitter le chemin du Seigneur. L’autre chemin ou l’autre voie peut nous paraître libératrice, mais c’est un chemin de mort, une œuvre de séduction, de confusion de tromperies. Les tentations fondamentales de l’être humain se situent au plan de L’AVOIR qui comprend la sécurité dans des biens qui ne sont pas Dieu, qui englobe aussi le POUVOIR, la domination, la jouissance; le VALOIR, ou le besoin d’être toujours reconnu à sa juste valeur et finalement l’ORGUEIL » Cet orgueil qui l’aboutissement de toutes les autres richesses. Ce qui faisait dire  à une dame propriétaire d’une grande chaine de restaurants, lors d’une entrevue télévisée : «Moi, je n’ai pas besoin de Dieu dans ma vie, j’ai tout ce qu’il me faut.»

Pour mieux suivre Jésus et mieux l’aimer, qu’il nous prenne dans son chemin de douceur, du vulnérabilité, de PAUVRETÉ- liberté des enfants qui se reçoivent du Père avec Jésus. Demandons d’être reçu dans la PAUVRETÉ, le MÉPRIS et l’HUMILITÉ, Essayons de cerner ce qui est blessé en nous à travers ce qui est force de mort en nous, comment et par quel bien le tentateur essaiera de vous entrainer sur son chemin de mort. Quel est le fil, même s’il s’agit d’un fil d’or qui m’empêche d’être totalement libre ? Quel est le bien auquel je tiens et qui me tient. Quel est le ça auquel je tiens? Quel est le point fort en moi qui m’empêche d’être vraiment tourné vers Dieu.

Lorsque nous avons découvert notre fil d’or ou le bien auquel nous tenons par dessus tout, il y a trois façons de réagir (trois classes d’hommes). La première : j’aimerais bien me rendre libre face à ce bien mais nous verrons plus tard… La deuxième : D’accord Seigneur, MAIS j’ai encore des choses à régler; OUI, MAIS et enfin la troisième, c’est de rendre mon cœur libre et disponible et dire au Seigneur, OUI Que veux-tu ? Dans notre cœur, nous nous offrons et notre cœur est libéré. Nous voudrions que tu dises lentement quelle attitude prendre face à ce bien, à ce fil d’or qui nous empêche d’être complètement libres. Laissons purifier notre cœur pour devenir amoureusement disponibles. Par cette méditation des classes d’hommes, nous préparons notre cœur pour recevoir notre élection et y répondre. Mais quel est le but de cette méditation ? C’est une méditation nettement réaliste qui doit nous amener à vérifier nos dispositions par rapport à notre élection, plus exactement à constater si nous voulons vraiment ou non le détachement qu’exige une élection sans compromis. (L’élection en tant que telle sera abordée des l’automne prochain)

TEXTES DE LA PAROLE DE DIEU :

Deutéronome 30, 15 à 20              Luc 8, 4 à 15
Matthieu 13, 1à 30                        Psaume 1 et 94
Jérémie 17, 5 à 11

GRÂCE À DEMANDER :
La lumière qui me permettra de vérifier ma capacité d’entendre l’appel du Seigneur et la grâce de l’imiter.

PISTES DE RÉFLEXION :

Arriver à nommer et à identifier les limites de ma disponibilité :

  • Quel est le bien ultime auquel je tiens et qui me tient ?
  • Quel est le «ça» auquel je tiens ?
  • Quel est le point fort en moi qui m’empêche d’être vraiment tourné(e) vers Dieu

Cet exercice termine la première partie des Exercices spirituels. Nous reprendrons en septembre prochain. Durant l’été, il est de revenir sur les points qui vous ont le plus touchés depuis le début de cette expérience spirituelle. Bon été et bonnes vacances. Je vous retrouverai donc en septembre. Prions les uns et les unes pour les autres.

Bernard Bélair, s.j.

DEUXIÈME SEMAINE
LA VIE PUBLIQUE DE JÉSUS
« Mon fils, le bien-aimé »
L’ÊTRE SAUVEUR DU CHRIST

GRÂCE À DEMANDER :

Je demande la grâce d’entrer plus profondément dans la connaissance intime du Seigneur en me mettant à l’écoute de la Parole et en accueillant cette Parole prononcée pour moi.

  1. Départ de Nazareth, rupture et vie nouvelle : Je vous invite à visualiser la scène du départ de Jésus de la maison de Nazareth. Entendez les paroles que s’échangent Jésus et Marie. Prenez le temps aussi de vous souvenir de vos propres ruptures. Ces ruptures vous ont-elles fait grandir ? Jésus vit des ruptures affectives.

Textes de l’écriture :  Marc  1, 14 ; Matthieu 3, 13; Matthieu 12, 36 à 50; Marc 3, 31 à 35; Luc 2, 48 à 50; 4, 22 à 30; 8,19 à 21; Jean 7, 1 à 10; 14, 25 à 27.

Ruptures pour les disciples : Matthieu 4, 21-22; 20,20 à28; Luc 9, 59 à 62 12, 51 à 53.

  1. Le baptême de Jésus : Marc 1, 9 à 11; Matthieu 3, 13 à 17
  • Par son baptême, Jésus reçoit sa mission de la Trinité et se relie à l’humanité dont il se reconnaît solidaire
  • Ce qui se passe en Jésus peut se passer en nous.
  • Rendez-vous toujours présents (tes) aux scènes évangéliques (contemplation) et vous terminez votre temps de prière par un colloque avec Jésus et Marie.

  1. L’affrontement avec Satan; Jésus un homme éprouvé.

Matthieu 4, 1 à 11

Le premier, Jésus subit la tentation que doit rencontrer dans sa vie toute personne (disciple)  et il accomplit en lui la perfection du discernement devant les tentations : AVOIR, POUVOIR, Orgueil, etc. Voir comment je réagis devant les tentations.

  • Le désert dans l’histoire d’Israël : Deutéronome 8 et 1, 19
  • La prière de Jésus dans le désert : Psaume 62 (63)
  • La préparation de Jésus à l’épreuve : Psaume 86
  • La tentation du juste : Psaume 66
  • L’homme ne vainc la tentation que par un sens plus aigu de Dieu : ce sens que Satan évacue. (2e Corinthiens 1, 8 – 9)
  • Abaissement et couronnement de Jésus, le frère des humains. (Hébreux 2, 5 à 18)

N.B. Ne pas oublier de noter le fruit de vos temps de prière.

Bonne quinzaine !

Bernard Bélair, s.j.

DEUXIÈME SEMAINE
LA VIE PUBLIQUE DE JÉSUS
« Viens et vois »
« Puis il gravit la montagne et il appelle à lui ceux qu’il voulait. Ils vinrent à lui…»
L’APPEL DES DISCIPLES

  1. TEXTES DE LA PAROLE DE DIEU :

Jean 1, 35 à 51 : L’appel des premiers disciples

Marc 3, 13 à 19 : Appel des douze apôtres

Luc 8, 1 à 3 : L’entourage féminin de Jésus

Matthieu 10, 1 à 42 : Discours de Jésus sur la mission

Psaume 118

  1. GRÂCE À DEMANDER :

Je demande la grâce d’écouter la Parole de Jésus pour accueillir l’invitation qu’il me fait «d’être son disciple» au cœur de ma vie quotidienne.

  1. PISTES DE RÉFLEXION :
  • Je choisis les textes qui me parlent plus particulièrement et je contemple Jésus appelant des hommes et des femmes à partir de leur vie de tous les jours. Jésus rejoint les gens là où ils sont dans leur milieu de vie, leurs métiers.
  • Je revois mon propre appel, j’en revois les circonstances. Jésus m’appelle encore aujourd’hui. Quelle est ma réponse ? Il ne s’agit pas seulement ici de l’appel à la vie religieuse ou au sacerdoce mais simplement l’appel à suivre Jésus là où il me veut. Là où j’ai les pieds ancrés !»
  • Les appels de Dieu sont déroutants : l’impossible devient possible
  • L’appel comporte des renoncements : abandonner ses sécurités, se quitter soi-même.
  • L’appel reçu s’approfondit tout au long de la vie du disciple, comme ça été le cas de Pierre (Jean 21, 15 à 19); l’appel devient de plus en plus radical dans la réponse que le disciple donne à l’invitation d’entrer dans l’intimité du Seigneur. Je vous invite à prendre conscience de votre propre expérience de vie, de votre cheminement.

S.V.P. N’oubliez pas de noter ce que vous vivez dans vos temps de prière, de même que les prises de conscience que vous faites durant la journée. Toutes ces notes seront fort utiles dans quelques mois.

Bonne quinzaine et à la prochaine !

BERNARD BÉLAIR, S. J.

DEUXIÈME SEMAINE
LA VIE PUBLIQUE DE JÉSUS
«Être Parole et transmettre la Parole»
JÉSUS, UN ÊTRE DE RELATION 

TEXTES DE LA PAROLE DE DIEU

  1. RENCONTRES ET DIALOGUES DE JÉSUS :

Jean 9, 1 à 41 : L’aveugle-né

Jean 3, 1 à 21 : Entretien avec Nicodème

Jean 4, 1 à 30 : La Samaritaine

Jean 11, 1à 44 : Dialogue avec des intimes : Marthe et Marie

D’autres textes de relations de Jésus :

Avec les enfants : Matthieu 19, 13 à 15

Avec les pauvres : Marc 12, 41 à 43

Avec les riches : Matthieu 19, 16 à 26

Avec les pécheurs : Matthieu 26, 6 à 13

Avec les païens : Marc 7, 24 à 30

Avec les malades : Marc 1, 29 à 31

Avec Zachée : Luc 19, 1 à 10

Avec la femme adultère : Jean 7, 5 à 8

Avec les pharisiens : Matthieu 23, 1 à 36

PARABOLES ET PAROLES DE JÉSUS :

Le sermon sur la montagne : Matthieu 5 à 7 et 9, 35 à 39

Parabole du semeur : Matthieu 13, 1 à 23

Parabole du bon samaritain : Luc 10, 25 à 37

GRÂCE À DEMANDER :

Je demande la grâce d’être avec Jésus pour me laisser former comme disciple en contemplant sa manière d’être en relation et de prendre la parole.

PISTES DE RÉFLEXION :

  • Demander au Seigneur de vous ouvrir aux exigences de sa Parole… Jésus est parole de Dieu; il dit ce qu’il est et il nous invite à apprendre de lui sa manière d’être.
  • Vous situer devant le Christ qui invite ses disciples à regarder avec lui la foule qui porte, dans ceux et celles qui la composent, toutes les détresses et les misères du monde. (Luc 6, 17 à 20)
  • Fixer votre regard sur Jésus en vous aidant de ce que disent les évangélistes : «C’est un homme de bien… il séduit la foule.» (Jean 7, 12) «Jamais homme n’a parlé comme cet homme.» (Jean 7, 46) «La foule était frappée de son enseignement.» (Marc 11, 18)
  • Me laisser questionner par la Parole et m’exposer à elle pour qu’elle porte le fruit d’une transformation profonde et m’ouvre à ce qui me séduit davantage chez le Christ.
  • Me demander tout au long de la journée, si j’accepte vraiment de me détacher de la foule et de m’approcher du Christ pour lui dire que je consens à marcher avec lui, à sa suite.
  • Dans ma prière, je choisis les paraboles qui me touchent particulièrement ou qui s’inscrivent dans les questions ou préoccupations que je porte là où j’en suis dans ma démarche des Exercices spirituels.
  • Je m’approche de Jésus et je me laisse séduire par une qualité d’être qui se dégage de la manière d’enseigner ou de transmettre le message évangélique.
  • Priez pour les autres qui font le même cheminement que vous.

Le but des temps de prière de cette étape, c’est de connaître intimement Jésus afin de l’aimer davantage et de le suivre.

Bonne quinzaine,

Bernard Bélair, S. J.

DEUXIÈME SEMAINE
VIE PUBLIQUE DE JÉSUS
Libérer la Parole et la vie
LES GESTES ET LES SIGNES DE JÉSUS

 

TEXTES DE LA PAROLE DE DIEU

Marc 10, 46 à 52 : L’aveugle de Jéricho

Luc 5, 17 à 26 : La guérison d’un paralytique

Jean 2, 1 à 12 : Les noces de Cana

Jean 9, 1 à 40 : La guérison de l’aveugle-né

Psaume 29 : La voix du Seigneur

GRÂCE À DEMANDER

Je demande la grâce d’être avec Jésus pour me laisser former comme disciple en Le regardant poser des gestes pour le Royaume.

PISTES DE RÉFLEXION

  • Continuer à être attentif, attentive à la manière de faire de Jésus, son attention aux personnes, à ses gestes libérateurs.
  • Voir ce qu’il y a de neuf dans ses gestes, ses signes.
  • Voir ce qu’il y a de neuf dans votre vie, les appels que vous percevez tout au long de vos temps de prière et durant la journée, durant votre travail ou vos temps de loisirs.
  • Prendre le temps de bien noter vos prises de conscience. Ces notes vous seront fort utiles dans quelques semaines. Nous aborderons alors le point central des Exercices spirituels : L’Élection.

Bonne quinzaine,

Bernard Bélair, s. j.

DEUXIÈME SEMAINE
LA VIE PUBLIQUE DE JÉSUS
LA PRIÈRE DE JÉSUS

Le Christ suppliant : «c’est lui, qui, au cours de sa vie terrestre, offrit prières et supplications avec grand cri et larmes à celui qui pouvait le sauver de la mort, et il fut exaucé en raison de sa soumission.» (Hébreux 5, 7)

«Sur la prière de jésus lui-même l’évangile de saint Jean est sans doute celui des évangiles qui contient le plus d’indications. Il en mentionne plusieurs fois les conditions et attitudes corporelles : la solitude dans la montagne, après la multiplication des pains (Jean 6,15); les yeux levés en haut avant la résurrection de Lazare (Jean 11, 41); les yeux levés au ciel au début de sa prière sacerdotale (Jean 17, 1); Les autres évangélistes ont noté aussi cette attitude (Marc 6, 41 et 7, 34) Elle est le signe de l’entrée de Jésus en prière. Elle traduit l’élan de son être vers le Père. Elle montre où vit Jésus. Totalement homme et implanté parmi nous (Jean 1, 14), il vit tourné vers le sein du Père (Jean 1, 18) Il est d’en haut. (Jean 8,23)

(Donatien Mollat, Saint Jean, maître spirituel, p, 142)

Prenez le temps de contempler Jésus en prière en vous inspirant des textes de l’Écriture que je vous propose.

AUTRES TEXTES DE LA PAROLE DE DIEU

Luc 10, 21-22 : Luc 11, 1 à 13;
Jean 17
Marc 14, 35-36
Matthieu 6, 5 à 15 et Matthieu 6, 25 à 34; Matthieu 7, 7 à 11
Psaume 105

GRÂCE À DEMANDER

Je demande de connaître intimement Jésus, en me laissant rejoindre dans le fond de mon être en le rejoignant au cœur de sa prière, dans sa relation au Père, lieu intime de Jésus. Je demande au Seigneur d’être habité (e) par le désir de faire sa volonté à la manière de Jésus.

PISTES DE RÉFLEXION :

  • Me situer dans la manière de Jésus d’entrer en relation avec son Père.
  • Prendre la prière du «Notre Père» comme le modèle de toute prière chrétienne qui doit intégrer les autres et les aspirations du monde auquel nous appartenons, dans notre relation de disciple du Christ à Dieu, notre Père.
  • Laisse venir le désir fondamental qui habite mon cœur à ce moment-ci de mon expérience spirituelle afin de connaître la volonté de Dieu sur moi afin d’y correspondre.

La prochaine fois, nous aborderons l’Élection qui est le cœur des Exercices spirituels de saint Ignace de Loyola.

Bonne quinzaine,

Bernard Bélair, s.j.

DEUXIÈME SEMAINE
L’ÉLECTION

EXPOSÉ

Cette semaine, nous abordons le point central des Exercices : l’Élection. Il s’agit de chercher et de trouver votre manière personnelle d’être disciple de Jésus. Cette démarche se fait dans un climat de prière. Quand on parle d’élection, cela réfère à l’élection d’un président, d’un ministre, d’un maire. Ce qui se passe en temps d’élections. Le candidat établit son programme, ce en quoi il ou elle croit. Le candidat doit donc se faire connaître. Il nous faut savoir quelles sont ses valeurs, dans quoi il est prêt à s’investir, à même donner sa vie.

Dans la Bible, l’Élection est un thème fondamental  et c’est Dieu qui choisit : « Je t’ai appelé par ton nom, tu es à moi. (Isaïe 43, 1) Aujourd’hui, vous êtes donc invités à «faire élection» à découvrir à quelle «fonction» le Seigneur veut vous nommer. De quelle manière, il veut que vous soyez disciples, témoins.

Déjà, depuis la contemplation du Règne et à travers les contemplations des dernières semaines, vous étiez invités à contempler Jésus pour apprendre à le connaître plus intimement et à le suivre dans les appels qu’il vous a lancés à chaque contemplation.

Vous avez aussi conscientisés vos limites et vos résistances à suivre Jésus dans sa mission. Vous vous rendez compte que malgré votre offrande et votre désir de suivre Jésus totalement, il reste en vous des zones de ténèbres. Vous les avez perçues lors de la découverte de votre «fil d’or».

Les dernières semaines vous ont rapproché de Jésus. Vous avez vu comment il agissait, comment il prenait parole, comment il priait, etc. Vous avez été touchés, dérangés. Vous avez vécu des moments de consolations et de désolations. Marcher avec Jésus, c’est être là où il est, c’est vous mettre à son écoute et dialoguer avec lui pour devenir de plus en plus familier(e) à sa manière d’être et de faire. L’Élection, c’est donc ma manière personnelle d’être disciple de Jésus. C’est l’activité par laquelle Dieu nous choisit pour être avec Lui. L’Élection est un appel qui attend une réponse.

Pour Dieu, chaque personne est unique. Je ne suis pas quelqu’un dans une foule anonyme. Notre nom, c’est notre identité, notre moi profond, le lieu de l’unité de notre vie, notre manière personnelle d’exprimer le Christ par toute notre vie. L’Élection deviendra le pôle de référence pour éclairer nos choix particuliers de vie.

La personnalité du Christ est extrêmement riche. Nous avons une facette de sa personnalité qui peut-être nous attire davantage : sa bonté, sa tendresse, la confiance, sa présence, son amour, sa miséricorde, son attention aux pauvres et aux petits etc. Nous avons à incarner une qualité d’être de Jésus qui nous parle davantage. C’est un fil conducteur de l’Esprit qui vise à nous attacher au Christ, d’une façon originale et particulière qui s’oppose à notre «fil d’or». Notre vie s’unifie autour de l’Élection parce qu’elle est notre manière personnelle d’être disciple du Christ et de répondre aux appels de Dieu sur nous. Votre nom d’Élection n’est pas un nom ordinaire. Il peut être formé d’un mot, d’une courte expression qui dit l’appel particulier de Dieu dans  votre vie, la qualité d’être su Christ que vous êtes appelés à revêtir pour en vivre toujours davantage.

Certains exemples d’élection peuvent vous aider :

Michel Quoist : Aimer, donner

Ignace de Loyola : Servir pour une plus grande gloire de Dieu

Jean Lafrance : Être prière

D’autres exemples : libre pour servir, regard amoureux, service de compassion, semence de vie, femme de don gratuit, compassion au services des pauvres, etc.

Il arrive que mon élection s’impose à moi.

Nous allons voir comment procéder dans cette démarche d’élection fondamentale »

MON NOM D’ÉLECTION

  1. Vous relisez vos notes de retraite. Vous résumez les paroles de l’Écriture, les valeurs évangéliques, les attitudes de Jésus, qui vous ont le plus touché(e) jusqu’à maintenant. Toujours dans une attitude priante)
  2. Vous goûtez et vous vous laissez interpeller. Au numéro précédent, vous choississez les trois points qui vous attirent davantage, qui ont le plus de goût pour vous aujourd’hui.
  3. Vous dégagez une parole, une valeur, une attitude qui semble davantage s’imposer à vous et qui vous inspire beaucoup de vie. Vous décrivez comment cette attitude a été présente tout au long de votre histoire.
  4. Vous retracez le fil conducteur de votre manière personnelle d’être disciple du Christ.
  5. Après un temps de silence et de prière, vous laissez monter en vous ce que l’Esprit vous inspire, en un mot –  une expression qui traduit bien le nom nouveau que le Seigneur vous donne tel que vous l’entendez  aujourd’hui.
  6. Si vous entendez votre nom d’Élection, vous rendez grâce au Seigneur et vous goûtez son amour.
  7. Vous écrivez votre Élection et vous l’offrirez au Seigneur lors de votre prochaine Eucharistie.
  8. Si non, vous continuez à vous laisser toucher par l’attitude du Christ qui vous parle davantage et restez attentif, attentive à ce que le Seigneur voudra vous révéler dans les jours avenir.
  • Surtout, prenez tout le temps qu’il faut, ne précipitez rien, même si cela prend des semaines.
  • Ceci est donc une élection fondamentale, nous verrons ensuite les élections secondaires, c’est-à-dire les moyens à prendre pour vivre cette élection fondamentale dans la vie de tous les jours. Exemple : Un choix de vie, des modifications à apporter concrètement dans votre vie.

TEXTES DE LA PAROLE DE DIEU :

Colossiens 1, 3 à 7

2 Corinthiens 1, 21 – 22

Matthieu 17, 1  9; Marc 9, 2 à 10; Jean 11, 17 à 54

Psaume 88

Ces textes alimenteront votre prière en temps d’élection

GRÂCE À DEMANDER :

Éclaire-moi Seigneur !

Aide-moi à identifier le chemin que tu m’invites à prendre à la suite de ton Fils!

Donne-moi la grâce de découvrir comment tu m’invites à être, pour mieux m’accomplir dans ton amour.

La grâce demandée est de saisir l’Élection de Dieu sur moi à travers la maturité de mon expérience pour donner un contenu à mon offrande. Le désir de la connaissance intime du Seigneur m’amène à désirer connaître la volonté de Dieu sur moi.

Bonnes semaines et prenez le temps qu’il faut ! Je reviendrai la prochaine fois avec les élections secondaires.

Bernard Bélair, s.j.

TROISIÈME SEMAiNE
«Ai-je bien compris, Seigneur, ce que tu attends de moi ?»
MONTÉE À JÉRUSALEM ET SUITE DE L’ÉLECTION

                       

« Le Père n’est que pour le Fils, le Fils n’est que pour le Père, le Saint Esprit c’est l’énergie d’amour qui fait qu’ils sont l’un pour l’autre… Le don de soi, l’amour du prochain est constitutif du salut, ce n’est pas une condition du salut, c’est le salut lui-même.» (François Varillon, Vivre le christianisme, p. 217)

TEXTES DE LA PAROLE DE DIEU :

  • Les trois annonces de la Passion : Matthieu 16, 21 à 27; Matthieu 17, 22; Matthieu 20, 17,19
  • Les vignerons homicides : Luc 20, 9 à 19

  • La résurrection de Lazare Jean 11, 1 à 54

  • L’onction à Béthanie Jean 12, 1 à 11
  • Psaume 23

GRÂCE À DEMANDER :

Me laisser toucher par le mystère de solitude qui enveloppe de plus en plus la personne du Christ, à la veille de sa Passion. «Que veux-tu que je fasse pour toi, Seigneur ?»

PISTES DE RÉFLEXION :

  • Au terme de la deuxième semaine, j’accueille le Christ comme disciple et en tant que témoin des gestes et des paroles des humbles qui reconnaissent leur Sauveur en Jésus sans toujours arriver à le dire Fils de Dieu. (Voir Matthieu 21, 1 à 17)
  • Je reçois aussi la révélation du Christ pauvre, incompris et contesté, à la suite de mon élection, qui est une invitation à cheminer humblement, à la suite de Jésus, mon Sauveur, et à vivre avec lui le mystère pascal.
  • En écoutant, je laisse s’approfondir en moi cette dimension du rejet et de l’incompréhension qui a marqué toute la vie publique du Christ Le disciple est appelé à imiter le Maître.
  • La contemplation du Mystère pascal dans sa totalité nous aidera à confirmer notre élection. Le Mystère pascal est l’aboutissement de l’Élection de Jésus.

SUITE DE L’ÉLECTION :

près avoir trouvé votre nom d’élection c’est-à-dire votre élection fondamentale, vous devez procéder aux élections secondaires. Il s’agit de trouver deux ou trois moyens concrets pour rendre votre élection fondamentale opérationnelle.

Exemples :

  • Il peut s’agir du choix d’un état de vie : vie religieuse, sacerdoce, mariage, laïcat engagé, etc.
  • Il peut s’agir aussi de consacrer à la prière un temps chaque jour avec l’examen spirituel du conscient afin de vérifier comment vous vivez votre élection fondamentale.
  • Ne pas prendre trop de moyens, vous risquez d’en perdre en chemin !

Bonne quinzaine et un Joyeux Noël rempli de paix, de joie profonde et heureuse année 2015 !

Bernard Bélair, s.j.

TROISIÈME SEMAINE
Accueillir son élection avec le Christ qui donne sa vie
INTRODUCTION AU MYSTÈRE PASCAL : LA CÈNE

 

«Le sacrifice que le Christ offre à la Cène représente le signe cultuel, pleinement valide du don  déjà commencé qu’il va faire de lui-même sur la croix… À la Cène, le Seigneur tendit aux Apôtres son corps et son sang comme nourriture et boisson pour la vie éternelle. Il voulut que ce signe qui le donnait lui-même, de son amour, demeurât comme l’expression de l’unité avec lui… Le fait d’être dans le Christ Jésus exprime ce qu’il y a de spécifique dans la vie chrétienne et exige que tous ceux et celles que le Seigneur appelle à participer à son sacrifice assument ce sacrifice, et la vie qu’il recèle, au centre de leur être personnel.»  (Karl Rahner, Le Dieu plus grand, p. 133)

Le mystère pascal est l’aboutissement de l’élection de Jésus. Nous le contemplons afin de confirmer notre élection fondamentale et nos élections secondaires.

TEXTES DE LA PAROLE DE DIEU :

Psaume 135                      1Corinthiens 11, 17 à 34

Matthieu 26, 17 à 29     Marc 14, 12 à 25 ; Luc 22, 7 à 30

Jean 13, 1 à 20 : Lavement des pieds                    Jean 14 – 16 et 17 Discours après la Cène

GRÂCE À DEMANDER :

Je demande la grâce de communier à l’action du Christ qui introduit ses disciples au mystère du don de sa vie. Je me dis et me redis que c’est pour moi que le Christ donne sa vie.

PISTES DE RÉFLEXION :

  • Tout au long de la troisième semaine nous sommes invités à nous approcher du Christ au point de communier aux sentiments intérieurs de celui qui vit le don de sa vie dans un isolement de plus en plus grand en avançant vers le lieu et le moment de sa mort.
  • Communier signifie se mettre près du cœur du Christ (comme le disciple que Jésus aimait en Jean 13,23) pour aller au plus profond du mystère et se laisser toucher : «Quelle est cette passion qu’il a d’abord subie pour nous ? C’est la passion de l’amour, répond Origène… Il souffre d’une passion d’amour.»
  • Vivre au présent cette communion dans le désir de donner sa vie que chacun, chacune traduit :

* dans l’accueil de son élection fondamentale

*dans l’écoute de ce que le Seigneur aurait encore à vous dire.

Bonne quinzaine,

Bernard Bélair, s. j.

TROISIÈME SEMAINE 
«Père ! Tout t’est possible; éloigne de moi cette coupe : pourtant, pas ce que je veux, mais ce que tu veux.” 
L’AGONIE DE JÉSUS

« C’est toute la Passion qu’il faut méditer en se plaçant, si l’on peut dire, dans le cœur du Seigneur qui est allé au-devant de ces événements tragiques parce qu’il l’a voulu… Il n’a voulu éviter aucune conséquence de son être avec nous et nous a fait confiance totalement… De ces réflexions sur le parce qu’il l’a voulu, une conclusion s’impose : l’unique chose qui soit capable de donner un sens à nos souffrances, c’est d’arriver nous aussi à les accepter avec lui.» (C.M. Martini, Et Dieu se fit vulnérable, p. 80)

TEXTES BIBLIQUES :

Marc 14, 32 à 42;       Matthieu 26, 36 à 46;           Luc 22, 40 à46

Psaume 21;                Psaume 54 :                        Isaïe 52 et 53

GRÂCE À DEMANDER :

Je demande la grâce de communier au Christ qui donne sa vie et assume jusqu’au bout les conséquences du don de lui-même.

PISTES DE RÉFLEXION :

  • L’agonie est le premier épisode de la Passion. Il présente le combat de Jésus face aux événements qu’il aura à vivre. Combat intérieur dont il sortira vainqueur.
  • Être présent (e) au combat du Christ avec Pierre, Jacques et Jean, témoins de la transfiguration.
  • Voir comment Jésus, dans son combat intérieur, garde le souci de ses disciples défaillants.
  • Prendre le temps de communier au Christ accomplissant sa mission jusqu’au bout, librement. Laisser votre cœur s’émouvoir, donner votre vie par amour dans la ligne de votre élection.
  • Le consentement lucide du Christ à la souffrance, par amour pour nous, peut nous aider à décider d’être avec Lui.
  • Nous laisser tranquillement confirmer dans notre élection.

Bonne quinzaine,

Bernard Bélair, s. j.

TROISIÈME SEMAINE
” Je ne suis né, et je ne suis venu dans le monde que pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque est de la vérité écoute ma voix.»  (Jean 18, 37)
LES PROCÈS DE JÉSUS
Jésus, l’accusé

TEXTES DE LA PAROLE DE DIEU :            PSAUME 34 :

1- Procès religieux (juifs)      Devant le Sanhédrin, Anne et Caïphe

Matthieu 26, 57 à 68;    Marc 14, 53 à 60

Luc 22, 66 à 71;           Jean 18, 12 à 14 et 19 à 24

2- Procès politique (Romains)       Chez Pilate

Matthieu 27, 11 à 26;           Marc 15, 2 à 15

Luc 23, 2 à 7 et 13 à 25        Jean 18,26 à 19,16

3-Procès «mondain»                     Chez Hérode

Luc 23, 8 à 12

GRÂCE À DEMANDER :

Je demande la grâce de communier au Christ qui donne sa vie jusqu’au bout et qui assume les conséquences du don de lui-même dans sa Passion.

PISTES DE RÉFLEXIONS

  • Les procès illustrent le combat extérieur et public où vont s’affronter l’esprit du monde et l’Esprit du Christ. Procès de l’humanité contre Dieu…
  • Nous sommes constamment en procès, soit que nous subissions ou que nous fassions subir à d’autres. Voir quels sont nos procès.
  • Portons aussi dans notre prière toutes ces femmes et ces hommes jugés et condamnés par des semblants de procès. (Comme Jésus)
  • Être avec Jésus à partir de mon élection. Arriver comme Lui à donner ma vie dans le sens de mon élection.
  • Attention de ne pas tomber dans la tristesse, demeurer plutôt dans un sentiment de compassion.
  • N’oubliez pas de noter ce que vous vivez dans vos temps de prière afin de voir la confirmation de votre élection fondamentale.

Bonne quinzaine,

Bernard Bélair, s. j.

TROISIÈME SEMAINE
«Personne n’est mort comme le Christ parce qu’il est la VIE même.» (Romano Guardini)
LA MORT DU CHRIST

«Ceux-là seulement que la grâce incompréhensible a appelés (1 Cor.1, 24) peuvent saisir la réalité du Seigneur crucifié. Certes, il faut aussi coopérer à la grâce et trouver le courage de sauter hors de soi-même et de se fier au Dieu merveilleusement non compréhensible. Mais pour celui qui s’abandonne ainsi aux mains de Dieu, le Christ crucifié est alors la force divine. Fondamentalement, c’est cette faiblesse de Dieu dans le monde, dans notre vanité et même dans l’Église, qui est manifestation de la puissance de Dieu.» (Karl Rahner, Le Dieu plus grand, p.157)

TEXTES DE LA PAROLE DE DIEU :

Matthieu 27, 32 à 54;  Marc 15, 21 à 47; Jean 19, 16 à 37 : Luc 23, 33 à 49 : Ce sont des récits de la Passion et de la mort de Jésus. Ces scènes sont à contempler lentement.

Isaïe 52,13 à 53,12 : Chants du Serviteur.  Psaume 22 (21)

GRÂCE À DEMANDER :

Je demande de communier au Christ qui donne sa vie pour être capable, à mon tour, de remettre ma vie à Dieu.

PISTES DE RÉFLEXION :

  • Voir Jésus en croix et les personnes qui gravitent autour de lui (juges, bourreaux, foule, sympathisants)
  • Écouter les paroles de Jésus en croix
  • Dire avec Jésus le psaume 22
  • Porter dans son cœur la parole de l’évangéliste Jean : «Dieu a tant aime le monde qu’il a donné son Fils, son unique, pur que tout homme qui croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle.» (Jean3, 16)
  • Accueillir le corps livré de celui qui a aimé les siens qui sont dans le monde «jusqu’à l’extrême» (Jean 13,1)
  • Rester dans la sobriété et la retenue du texte évangélique qui ne dit que l’essentiel de la Passion du Christ.

Bonne quinzaine,

Bernard Bélair, S. J.

QUATRIÈME SEMAINE
«J’ai ouvert devant toi une porte que nul ne peut fermer.» (Apocalypse 3, 8)
LE MYSTÈRE DE LA RÉSURRECTION

« Qu’est le mystère pascal, mystère de la mort et de la résurrection Seigneur ? Pâques est le centre de tout. En hébreu c’est « Pesah » que nous transposons en grec et en latin par « pascha » et en français par «Pâque » Le mot veut dire : passage. Il s’agit du passage à la vie divine… Pâques est le centre de la vie chrétienne… c’est la vie chrétienne tout court.» (François Varillon, Vivre le christianisme, p. 276)

SENS DE LA QUATRIÈME SEMAINE :

Nous sommes invités à contempler la présence de Jésus ressuscité qui se manifeste dans nos vies et qui vient se faire reconnaître par nous. Jésus apparaît dans notre vie quotidienne à chaque fois que des signes de vie s’y manifestent. Demandons de recevoir la grâce qui nous prépare à l’accueillir dans notre vie de tous les jours. Jésus nous fait passer par la mort pour nous faire vivre. Contempler le Seigneur ressuscité, c’est être renvoyé à notre vie quotidienne en nous laissant éduquer par sa lumière délicate, éduqué à une nouvelle manière d’être, à condition d’y être attentifs (ves).  Jésus rejoint chacun (e) là où il ou elle est rendu dans son cheminement. Nous avons accepté d’entrer dans la mort du Christ pour vivre avec notre élection. La mort, pour Dieu, n’est jamais le dernier mot; notre Dieu est le Dieu des vivants. La mort est réconciliée, c’est un chemin vers la vie. Le Père glorifie Jésus et il veut nous prendre avec son Fils dans cette vie nouvelle de ressuscité. Contemplons Jésus le VIVANT et apprenons à le reconnaître. Aucun de ses ennemis ne l’a vu ressuscité, seulement ses amis ; il les éduque à un nouveau mode de présence et il disparaît. Il veut nous éduquer à cela. Il vient nous rejoindre dans notre vie. Comment nous apparaît-il à nous ?

En cette dernière semaine des Exercices, Ignace nous demande de percevoir le Ressuscité comme le Créateur en même temps que le Rédempteur. Les apparitions engendrent des transformations intérieures chez les disciples : les disciples d’Emmaüs, Marie-Madeleine, Pierre, Thomas. L’événement pascal change les cœurs et les vies. Dans ces contemplations du Ressuscité, nous cherchons une participation à l’état du Christ, nous nous efforçons de  communier à la joie de Jésus sorti de la mort et envahi dans sa nature humaine par la divinité et la gloire. Nous sortons de nous-mêmes pour nous tourner contemplativement vers ce que vit Jésus dans sa condition pascale. Nous nous réjouissons parce que Jésus est dans la joie. La gloire du ressuscité est à l’œuvre en nous et elle produit des goûts spirituels. L’élection est confirmée dans un climat de joie, de lumière, d’élan. Nous parvenons à une plénitude intérieure qui concorde avec l’accomplissement auquel a accédé Jésus et qui devrait ne jamais se perdre ou du moins sans cesse se recouvrer. La contemplation de Jésus ressuscité et glorieux doit conduire la liberté à un sommet. Il n’ y a pas de plus grande liberté que dans la joie du Fils monté vers le Père et souverainement proche des humains.

Entrer dans la joie de Jésus, joie essentiellement apostolique, c’est celle du Règne accompli en ce jour de la vie nouvelle transmise au monde entier, enfin devenu capable de l’accueillir et de communier à Dieu. C’est la joie de l’amour de l’époux qui accueille l’épouse rendue capable de répondre à l’amour qui de toute éternité, lui avait été conservé dans le cœur de Dieu. Entrer dans la joie du Ressuscité, c’est d’abord être présent (e) à cette victoire totale de la vie et de l’amour en Jésus le VIVANT. Entrer dans la joie du Ressuscité, c’est aussi pour le retraitant (e) se percevoir dans le rayon de joie du Christ. Car, c’est jusqu’à eux en particulier que s’étend cette vision, à eux qui existent voulus par Dieu, dans le projet de vie et dans le cortège des fidèles mis en marche, dès ce jour vers le cœur vivant du Seigneur.

Les apparitions sont surtout l’expression d’un cheminement de la foi qui progressivement accueille le Christ comme vivant et participe à la délivrance qu’il apporte avec lui, le Ressuscité. Dans la contemplation des apparitions, on se centre sur Jésus. Voir comment Jésus console ceux et celles à qui il apparaît. Il faut toujours se situer du côté du Christ. Jésus veut confirmer chacun, chacune dans sa foi, le ou la délivrant de son mal propre et l’invite à communier à cette liberté, cette vie, cette lumière, cette joie, cette jeunesse éternelle qu’il est lui-même devenu. C’est donc la confirmation joyeuse de votre élection. Donc, demandons la grâce de pouvoir nous réjouir avec Le Seigneur ressuscité, de nous réjouir de sa joie à lui. C’est plus profond que nos impressions immédiates. Une joie même au cœur de situations lourdes à porter.

TEXTES DE LA PAROLE DE DIEU :

1 Corinthiens 15, 13 à 17; 1 Corinthiens 15, 55 à 57; Marc 16, 1 à 8

Matthieu 28, 1 à 8; Jean 20, 1 à 10; Psaume 15

GRÂCE À DEMANDER :

Communier à la joie du Christ, qui est l’expression de l’amour plus fort que la mort. Dire un OUI sans réserve au VIVANT dans le sens de mon élection.

PISTES DE RÉFLEXION :

  • Prendre le temps de se laisser toucher par le mystère même de la Résurrection : le Christ le Vivant (Luc 24, 5) C’est celui qui s’est dressé, redressé (Jean 20,9)
  • Comprendre au plus profond de soi-même, que la Résurrection c’est la victoire sur les forces de la mort : Jésus a ouvert la porte que personne ne pourra plus fermer. (Apocalypse 3, 8)
  • Découvrir que la joie de Dieu c’est de voir l’humain vivre. Saint Irénée disait : « La gloire de Dieu c’est l’homme vivant.»
  • Voir que la Résurrection du Christ est déjà à l’œuvre dans nos vies, la joie qui nous habite, c’est la force du christ présent en nous.
  • Considérer comment le Christ ressuscité se comporte avec nous comme un consolateur.
  • Se pénétrer des quatre éléments de la Résurrection :
  1. La certitude : Jésus est ressuscité/ vivant
  2. L’envoi : « Allez dans le monde entier…»
  3. L’assurance : «Je suis avec vous jusqu’à la fin des temps.»
  4. La force intérieure qui pénètre les témoins des Actes des Apôtres.

Bonne quinzaine,

Bernard Bélair, s.j.

QUATRIÈME SEMAINE
«Va trouver mes frères et dis-leur : Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu.» Jn 20,17
APPARITIONS À MARIE DE MAGDALA ET À THOMAS

« Bienheureux sommes-nous si, en ouvrant les yeux sur les signes de la présence de Dieu dans notre vie, telle qu’elle est et non telle que nous l’aurions rêvée ou désirée, nous croyons à la puissance de la résurrection de Jésus présent parmi nous. » (C. M. Martini, Voici votre Roi, p. 19)

TEXTES DE LA PAROLE DE DIEU :

Jean 20, 11 à 18;             Jean 20, 24 à 29               Psaume 117

GRÂCE À DEMANDER :

Je demande la grâce de communier à la joie du Christ ressuscité qui me donne sa vie. Dire un OUI sans réserve au VIVANT, dans le sens de mon élection.

PISTES DE RÉFLEXION :

  • Jésus prend l’initiative de la rencontre; c’est l’aspect créateur de l’amour de Dieu pour nous; il nous aime toujours le premier, il frappe toujours à notre porte; il devient vivant pour chacun, chacune différemment, il nous fait cheminer selon ce que nous sommes.
  • En apparaissant et en disparaissant, Jésus inaugure un nouveau type de présence; sa présence comme Ressuscité. « L’apparition fait croire, la disparition fait agir.
  • Ne pas quitter les contemplations des scènes suggérées tant que nous n’avons pas eu notre apparition\disparition. Attendre d’être confirmé dans notre élection.
  • Laisser Jésus faire en moi ce qu’il a fait en Marie de Magdala, être envoyé en mission dans le sens de mon élection.
  • Nous sommes des ressuscités. Vivre en ressuscité, c’est vivre comme quelqu’un qui a rencontré le vivant.
  • Demander la confirmation de l’élection dans la joie.
  • Contempler les deux apparitions à la manière ignatienne telle que proposé en deuxième étape : se rendre présent(e) à la scène, voir, entendre, sentir, goûter… et terminer par un colloque avec Jésus, le Vivant.
  • Toujours prendre soin de noter ce que vous vivez dans les contemplations. C’est ainsi que vous verrez la confirmation de votre élection dans la joie.
  • C’est à la joie d’un autre (Jésus) que nous communions. Cela demande une sortie de soi.

Bonne quinzaine,

Bernard Bélair, S. J.

QUATRIÈME SEMAINE
«Les auditeurs dirent : « Alors qui peut-être sauvé ?» Et Lui répondit : « Ce qui est impossible aux hommes est possible à Dieu. » (Luc 18, 26 – 27)
L’APPARITION À PIERRE AU BORD DU LAC DE TIBÉRIADE
LE CHRIST INVITE À CONSTRUIRE L’ÉGLISE

EXPOSÉ :

Nous continuons la contemplation du Ressuscité. La Résurrection est le fondement de notre foi : «Si le Christ n’est pas ressuscité, vaine est notre foi.» (1Corinthiens 15, 14) Dans ce mystère, le Christ vient renouveler tout notre être, vivifiant tous les recoins de notre vie. C’est en fidélité à mon élection que je pourrai communier à la joie du Ressuscité au cœur de mon quotidien. Aujourd’hui, une très belle scène évangélique vous est présentée; l’apparition aux disciples au bord du lac de Tibériade et nous nous attarderons spécialement à l’entretien de Jésus avec Pierre. Soyons présents (es) au bord du lac avec Jésus et les disciples, écoutons tout ce qui se dit, sentons l’étonnement des disciples, écoutons Jean dire : «C’est le Maître.» Voyons Pierre se jeter à l’eau pour rejoindre Jésus, sentons l’odeur du poisson grillé et écoutons le dialogue entre Jésus et Pierre.

L’apparition se fait dans un climat de simplicité et de paix. L’apparition au lac de Tibériade montre l’initiative du Ressuscité qui réunit à nouveau ses disciples autour de lui, afin de les fortifier dans l’amour. Tibériade, c’est le lieu des souvenirs : l’appel des disciples, la prédication sur les bords du lac, la multiplication des pains, la marche sur les eaux, la tempête apaisée…

Le Seigneur se rend présent à ses amis, il s’insère  dans la vie ordinaire. Il accomplit un miracle qui en rappelle un autre. Cela nous permet de constater que Pierre a changé. Lors de la première pêche miraculeuse, il a eu peur. Cette fois-ci, dès l’instant où il reconnaît Jésus, il se jette à l’eau pour le rejoindre. Ce qui l’intéresse, ce n’est plus la pêche, c’est de rejoindre Jésus. Le Seigneur se manifeste à nous dans les moments les plus ordinaires de notre vie. Il suffit d’y être attentif. Ce sont les événements les plus simples de notre journée qui  peuvent être le lieu  d’une rencontre particulière.

Une très belle scène : c’est Jésus qui apporte à manger à ses amis. Avant la dernière Cène, ce sont les gens qui invitaient Jésus à leur table, maintenant, c’est le Christ qui les invite. Ils sont autour d’un feu. C’est près d’un feu que Pierre a renié Jésus trois fois. Il doit s’en souvenir. Après le repas, Jésus s’éloigne avec Pierre. Il s’adresse à Pierre et lui demande l’amour. Il veut faire découvrir à Pierre sa capacité d’amour envers lui. « Pierre, m’aimes-tu ?» C’est assez fantastique que l’évangile se termine sur une requête d’amour de la part du Christ. Déjà, il a aimé jusqu’au bout, jusqu’à donner sa vie. Peut-on imaginer quelque chose de plus grand ? Le Ressuscité non seulement aime, mais il veut être aimé. Jésus confie à Pierre, le gouvernement de son Église, dans un échange d’amour. Jésus attend une réponse libre de Pierre. Une fois, deux fois, Pierre répond avec le meilleur de lui-même. Mais à la troisième demande, il en a assez, il est triste comme si le Seigneur remettait en cause son amour. Il a ce cri du cœur : « Seigneur, tu sais tout, tu sais bien que je t’aime ! »

Cette insistance de la part de Jésus est comme un second appel, comme une reprise en profondeur du premier appel, de la première élection. Il s’est passé bien des choses entre la première rencontre au bord du lac et cette rencontre au bord du même lac !  Dans le premier appel, Pierre lâche tout : barque, père, dans la force de sa jeunesse : « grâce d’aveuglement», générosité pas tellement éclairée, comme nous au début d’une vie engagée à la suite du Seigneur quelque soit notre état de vie. Comme Pierre, on fait l’expérience des impossibilités : des hauts et des bas.

Jésus connaissait Pierre. Il le savait malheureux. C’est Jésus, qui une fois de plus vient à sa rencontre. Il dit peu de choses. Une question, mais quelle question ! On peut penser que Pierre mourait d’envie de dire son amour à Jésus, mais il ne sentait pas digne de le faire. Il se contentait de le montrer. Pierre a expérimenté sa faiblesse, il a vécu une réconciliation profonde avec lui-même et Jésus lui confie la mission d’être le berger de ses frères. Pierre sait maintenant qu’il ne peut plus compter sur ses seules forces mais uniquement sur Jésus. Cela lui suffit. Avant, il était sûr de lui. Maintenant, il est sûr du Seigneur.

«M’aimes-tu ». C’est la seule chose que le Seigneur demande au pécheur que nous sommes. Il attend notre réponse et mendie notre amour. Osons lui dire comme Pierre : « tu sais tout, tu sais bien que je t’aime» tout en étant conscient (e) de notre fragilité, tout en mesurant l’abîme qui sépare nos actes de nos paroles et la réalité de nos désirs, oser dire : Seigneur, je t’aime. C’est accepter de nous laisser réconcilier, accepter de laisser Jésus nous rejoindre par son amour fidèle plus fort que nos infidélités, c’est accepter de renouer le dialogue avec lui non pas sur ce qui est derrière nous, sur le négatif, mais sur ce qui reste en nous, sur notre désir d’amour plus fort que le mal qui nous accable. Oser lui dire « Je t’aime », c’est prendre le risque de l’amour, c’est vivre ! Dire à Dieu que nous l’aimons, c’est donner à son amour plus d’importance qu’à notre faiblesse. C’est accepter l’inacceptable qui est d’aimer Dieu avec un cœur de pécheur. (Henri Calderi)

Je vous invite aujourd’hui à goûter la joie du Ressuscité » Ouvrez votre cœur à une rencontre avec Jésus au bord du lac. Laissez-vous poser la question : « M’aimes-tu plus que…?» C’est du lieu de mon élection que j’ai à m’ouvrir à l’amour, à prendre des décisions par amour. Me laisser appeler par mon nom d’élection. Quelle mission Jésus me confie-t-il en ce moment ?

TEXTES DE LA PAROLE DE DIEU :

Jean 21 au complet et le Psaume 123 (124)

GRÂCE À DEMANDER :

Que le Seigneur, le Christ ressuscité, me fasse le rencontrer et communier à son action transformante.

C’est dans le Christ ressuscité que je suis vivifié (e) et que je peux porter du fruit.

PISTES DE RÉFLEXION :

  • Prendre le temps de porter dans la prière les trois épisodes du chapitre 21, 1 à 14\ 15 à 19 et 20 à25; le premier épisode nous invite à exprimer notre manière de travailler en Église et de trouver le Seigneur dans l’humble quotidien.
  • Le Christ vient de nouveau appeler Pierre. Considérer comment la rencontre de Pierre avec le Vivant s’inscrit dans une histoire. Dans ce second appel, Pierre ne peut donner comme réponse que sa pauvreté.
  • Considérer le cheminement de Pierre comme révélant quelque chose pour toute vie spirituelle. Le Seigneur peut transformer l’impossible en possible. (Luc 1, 37; et 18, 27)
  • Découvrir pour moi-même que le Christ est le maître de l’impossible.
  • Écouter comment le Seigneur m’invite à trouver des moyens efficaces pour faire passer mon élection dans mon quotidien.

«Alors Jésus dit : « Va aux frères, va vers les frères.» C’est la première fois qu’il emploie le mot frère. Ici, je comprends que la vraie présence de Dieu est dans l’accomplissement de la mission et dans la vie fraternelle. Va aux frères. Vis avec les frères et accomplis ta mission avec les frères.» ( François Varillon, Vivre le christianisme. P. 291)

Joyeuses Pâques et bonne quinzaine !

Bernard Bélair, s.j.

QUATRIÈME SEMAINE
«Notre cœur n’était-il pas tout brûlant au-dedans de nous, quand il nous parlait en chemin, quand il nous expliquait les Écritures.» (Luc 24, 32)
LES DISCIPLES D’EMMAÜS

« Nous avons besoin de la Parole dite et expliquée par celui qui nous accompagne sur la route et nous révèle sa présence, sa présence que nous découvrons d’abord dans nos cœurs brûlants. C’est cette présence qui nous encourage à laisser ramollir notre cœur endurci et à devenir reconnaissants. Et cette reconnaissance nous permet d’inviter celui qui a embrasé nos cœurs à venir partager l’intimité de notre foyer.» (Henri Nouwen, Au cœur de ma vie, l’Eucharistie, p.54)

TEXTES DE LA PAROLE DE DIEU :

Luc 24, 13 à 35 (Vous pouvez contempler cette scène évangélique en plusieurs étapes.)

Psaume 62 (63)

GRÂCE À DEMANDER :

Je demande de communier à la joie du Christ Ressuscité qui me donne sa vie, sa joie pour que je donne à mon tour la vie et la joie dans l’actualisation de mon élection.

PISTES DE RÉFLEXION :

  • On peut aussi regarder le texte en voyant les disciples d’Emmaüs comme les premiers distants et le chemin qu’ils parcourent est symboliquement le chemin de tout chrétien… Rencontrer le Vivant sur la route de leur vie, découvrir son mystère, en être touché, éclairé, transformé, se joindre à la communauté des croyants pour partager leur expérience.
  • Découvrir que le Christ ressuscite les disciples d’Emmaüs, comme il l’a fait pour Marie de Magdala et Thomas, en renversant une situation de morosité.
  • Voir que le Seigneur est là au creux de ma vie; je suis habité aujourd’hui par les forces de la Résurrection.
  • L’expérience des Exercices spirituels est une expérience de Résurrection.
  • Me laisser visiter par le Christ chaque jour de ma vie.
  • Quels sont les lieux de rencontre du Christ ressuscité dans ma vie ?

Bonne quinzaine,

Bernard Bélair, s.j.

QUATRIÈME SEMAINE
«Hommes de Galilée, pourquoi restez-vous ainsi à regarder le ciel ?
Ce Jésus qui, d’auprès de vous a été enlevé au ciel viendra comme cela,
de la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel.» 
(Actes 1, 11)
L’ASCENSION

 « Le Seigneur Jésus demeure maintenant présent dans l’Église, non plus dans sa présence terrestre, non pas encore dans sa présence de gloire, mais soustrait aux yeux pour être attendu et préparé. Par son Esprit, il demeure présent dans le sacrement et par la mission… La mission qu’il laisse aux siens n’est pas un royaume à instaurer ou à restaurer mais la révélation de l’amour du Père, qui par le Christ donne l’Esprit pour que l’humanité tout entière participe à la vie de Dieu.» (Jean Laplace, Une expérience dans l’Esprit, p. 147).

TEXTES DE LA PAROLE DE DIEU 
Ascension, disparition du Seigneur, la vie dans l’Esprit :
Matthieu 16, 19 – 20;  Luc 24, 50 à 53;                Actes 1, 6 à 12
Psaume 46

GRÂCE À DEMANDER :

Je demande de ressentir la joie du Ressuscité et de communier à l’action du Christ, le Vivant. J’accepte d’être envoyé par le Christ et de donner ma vie pour que le monde vive.

PISTES DE RÉFLEXION :

  • Je donne au Christ le temps de me rencontrer, de me laisser toucher là où sa joie ne m’a pas encore rejoint (e) avant d’aborder le mystère de l’Ascension.
  • Je prie pour rencontrer le Vivant et vivre de sa présence. Je goûte intérieurement.
  • Je vois comment Il rencontre et ce qu’Il apporte aux personnes rencontrées dans l’Évangile.
  • J’accueille mes élections secondaires, je découvre les appels de Dieu dans ce sens là.
  • L’Ascension n’est pas l’envoi; du Christ, mais l’atterrissage  des disciples. Jésus est éternellement vivant en eux.

Bonne quinzaine,

Bernard Bélair, s.j.

« AD AMOREM »
CONTEMPLATION POUR PARVENIR À L’AMOUR

PRÉSENTATION :

L’Ad amorem, ou contemplation pour parvenir à l’amour s’inspire de la même pédagogie que celles des Exercices. C’est-à-dire la relecture de l’expérience. Elle propose une relecture des signes de l’amour de Dieu manifestés en toutes choses. Cette relecture favorise l’approfondissement de notre conscience de l’amour que Dieu a pour nous et suscite une réponse d’amour qui désire se mettre au service de Dieu.

Maintenant regardons en quoi consiste cet exercice :

D’abord qu’est-ce que l’Ad amorem ? La contemplation «Ad Amorem» est présentée comme une voie de croissance dans l’amour, une voie de croissance pour notre «être amour» selon notre élection. Aussi, cet exercice veut nous amener à approfondir notre relation au Dieu-amour. Il a pour but de faire grandir notre désir de «l’aimer en toutes choses et d’aimer toutes choses en lui.»

Si l’Ad Amorem arrive à la fin des Exercices, ce n’est pas un hasard; c’est qu’il en est un fruit. Si vous vous souvenez, le dernier exercice s’est terminé par la contemplation du mystère de l’Ascension et l’Ascension nous ouvre sur la mission, celle des Apôtres bien sûr, mais aussi la nôtre. Or habituellement, à partir de cette étape, on ressent le désir de s’engager au service du Royaume à la suite du Christ. C’est pour quoi cet exercice se veut une forme d’apprentissage de la vie dans l’Esprit, à partir de notre élection afin de bien s’enraciner en Lui. Or pour se faire, l’exercice nous amène à développer une manière de regarder notre réalité à partir de Dieu, à partir de l’Esprit d’amour du Christ en nous, à partir de notre élection et cela afin d’arriver à voir Dieu en toutes chose et toutes choses en Dieu. Aussi, ce sera notre capacité de reconnaître et de communier à l’amour que Dieu nous offre, à travers notre réalité de tous les jours, que nous sera donné de grandir en notre «être amour.» C’est-à-dire en notre capacité de nous laisser aimer et d’aimer à notre tour, en fidélité à notre élection.

On a vu que l’élection est notre manière personnelle «d’être amour» à la suite du Christ, notre ressemblance avec Dieu, notre lieu de communion avec Lui. Or, il est également le lieu d’où surgi notre manière personnelle de nous offrir au service du Royaume.

Ignace de Loyola, lorsqu’il présente cette contemplation, nous donne deux remarques :

  • L’Amour s’exprime par des actes.
  • L’Amour se vit dans la réciprocité.

Donc, plus vous conscientiserez l’œuvre de l’amour de Dieu dans votre vie; c’est-à-dire comment Dieu, à travers différentes personnes ou événements vous exprime son amour et alors plus vous désirerez vous offrir à Lui dans un amour de reconnaissance qui pousse à un agir. Tout dans ces exercices est centré sur l’amour, car l’amour est la réalité fondamentale et finale de toute croissance spirituelle. Dieu est amour et il se manifeste continuellement et abondamment  dans sa création, donc dans nos réalités de tous les jours. Ce sera là, le lieu de notre contemplation.

Au fond, l’Ad Amorem est une manière de prier qui nous permet d’approfondir notre vie d’amour avec Dieu. Vous serez donc invités, à travers cet exercice, à relire les signes de l’amour de Dieu dans votre vie, à partir de ces quatre angles :

  1. Dieu donne toutes choses (auteur de tous les dons. L’exercice vous invite à reconnaître l’abondance et la variété des dons de Dieu. Chaque exercice se termine par la prière d’offrande de saint Ignace de Loyola :

Prenez, Seigneur, et recevez toute ma liberté, ma mémoire, mon intelligence et toute ma volonté; tout ce que j’ai et tout ce que je possède; Vous me l’avez donné, à Vous, Seigneur, je le rends. Tout est vôtre, disposez-en selon votre entière volonté. Donnez-moi de vous aimer et votre grâce; celle-ci me suffit.»

  1. Dieu habite toutes choses (Dieu présent dans ses dons) L’exercice vous invite à reconnaître la présence de Dieu au cœur de toutes choses et en particulier au cœur de toute créature.
  2. Dieu travaille en toutes choses (Dieu agit dans ses dons) L’exercice vous invite à reconnaître le travail de Dieu au cœur de toute activité humaine.
  3. Dieu divinise toutes choses (les rend à son image) L’exercice vous invite à reconnaître comment Dieu divinise chaque décision humanisante.

L’Ad Amorem vient renouveler notre manière d’être avec le Christ et permet de nous offrir d’une manière créative. Chaque élément de notre vie, chaque décision devient porteuse du mystère pascal. Le lieu premier pour s’exercer à contempler l’amour est bien sûr notre élection. L’amour n’est pas une idée, mais un engagement de Dieu dans l’histoire de chaque être humain; l’Ad Amorem conduit chacun(e) à aimer comme il (elle) est aimé(e), à aimer le monde à la manière de Dieu.

«Cette contemplation n’est possible qu’au terme du parcours des quatre Semaines. Il conduit à une expérience d’union à Dieu dans la liberté de la prière, qui est aussi une entrée dans le silence du discours et un repos des images, dans le silence et le repos d’où peut naître une parole authentique et efficace; une parole qui reçoit de se déployer alors dans un discours nouveau. Ce discours n’est plus recherche tâtonnante et onéreuse, mais élan spontané qui proclame le don de Dieu.» (Adrien Demoustier, Trouver Dieu en toutes choses, Christus, no 159, p.9)

TEXTES DE LA PAROLE DE DIEU :

Le texte de la contemplation dans les Exercices Spirituels (nos 230 à 237)

Le chapitre 15 de l’Évangile de saint Jean.

La première lettre de saint Jean.

Le Psaume 139 (138) : Le Seigneur avec moi sur la route.

Psaume 144

GRÂCE À DEMANDER :

Se recevoir de Dieu, Seigneur de toutes choses, pour devenir don de Dieu pour les autres.

PISTES DE RÉFLEXION :

  • Suivre les quatre mouvements de la contemplation ignatienne et les inscrire dans quatre temps de prière.
  • Accueillir l’amour qui se donne et me remettre en mémoire les biens reçus : avec 1Jean 3, revivre l’expérience qui s’achève et nommer les dons reçus dans le passé, dons enregistrés dans ma mémoire. M’offrir avec mon élection.
  • Prendre conscience de la présence de Dieu dans toutes les créatures; avec Jean 15, 1 à 17, me laisser toucher par l’invitation du Christ d’être avec Lui dans le Père et lui répondre en m’offrant avec les désirs qui m’habitent.
  • Voir comment Dieu peine et travaille pour me faire advenir… pour que je m’assume dans tout ce que je suis. Revenir au besoin, sur ce que j’ai vécu en Première Semaine afin de consentir plus profondément encore à ce que Dieu soit avec moi sur ma route (Psaume 139) et lui offrir tout ce que je suis, dans la pauvreté et la richesse de mon être.
  • Accepter de participer avec le Christ, dans la Trinité, à la transformation du monde. Avec 1 Jean 4, 7 à 21, me laisser envahir intérieurement par l’amour qui vient de Dieu et demander au Seigneur que son dynamisme devienne le mien au point que ma vie soit, de plus en plus, don de Dieu pour les autres. M’offrir enfin pour faire l’œuvre du Seigneur.

Cet exercice de l’Ad Amorem peur se faire durant toute la vie !

Je vous reviendrai, pour la dernière fois, dans une quinzaine, afin de vous donner quelques avis qui donneront suite à cette expérience spirituelle qui se termine avec cette dernière contemplation.

Bonne quinzaine,

Bernard Bélair, s.j.

FIN DE RETRAITE… ET APRÈS ?
Pour que vous portiez du fruit, un fruit qui demeure.» (Jean 15, 16)
TROUVER DIEU DANS LA VIE DE TOUS LES JOURS : PSAUME 146

« Le progrès spirituel, cela existe, mais c’est difficile à évaluer ! Si je l’imagine comme une croissance mesurable, l’Évangile me prévient que nul ne peut ajouter une coudée à sa taille. Et si j’essaie de me fixer des points de repère à atteindre, alors non seulement je risque d’être déçu, mais le même Évangile m’avertit encore : « Insensé, cette nuit même on peut te demander ton âme». L’image qui me vient à l’esprit, quand je pense au progrès spirituel, c’est plutôt l’image d’une spirale ascendante : on passe toujours par les mêmes étapes mais chaque fois à un niveau différent. Et c’est cela qui rend l’évaluation difficile.» (Jean-Claude Dhôtel, Voir tout en Dieu, chercher Dieu en tout, Supplément à Vie Chrétienne, no 382, p.77)

CE QUE VEUT DIRE S’EXERCER, C’EST PRENDRE LE TEMPS DE :

  • Se situer soi-même dans la prière et se disposer à accueillir Dieu.
  • Savoir demander l’essentiel, c’est-à-dire « le pain de chaque jour».
  • Continuer à développer/ approfondir sa manière d’être présent(e) devant et avec le Seigneur.
  • Se nourrir de la Parole de Dieu en poursuivant l’expérience vécue durant ce cheminement.
  • Relire sa prière et sa vie pour découvrir l’action et les interventions de Dieu et y correspondre le mieux possible.

COMMENT S’APPROPRIER SON ÉLECTION ?

  • Relire durant  ce mois l’offrande qui exprime son élection.
  • Porter attention, au moment de la relecture de la journée, aux occasions de l’actualiser qui se sont présentées dans la journée.
  • Regarder sur une période plus longue (une semaine, un mois) comment s’est faite peu à peu l’intégration de son élection dans sa manière d’être et d’agir.

LES EXERCICES SPIRITUELS CONDUISENT VERS DEUX DIRECTIONS CONVERGENTES :

  1. Ils conduisent à s’approcher de Dieu toujours davantage et à vouloir le connaître en lui-même : c’est l’aspiration à entrer dans le mystère de l’Amour trinitaire.
  2. Ils conduisent à approfondir son rapport avec les autres et à en faire un lien de solidarité (dans le respect des différences, l’accueil des limites d’autrui et la compréhension plus grande du cheminement de l’autre); et de complicité (à partir d’un même amour pour la personne de Jésus, travailler ensemble à construire une communauté plus humaine, vraiment fraternelle, davantage ouverte et centrée sur le Christ et le Royaume de Dieu à faire advenir).

LECTURES SUGGÉRÉES POUR NOURRIR VOTRE EXPÉRIENCE SPIRITUELLE :

  • Méditer les Actes des Apôtres, où l’on voit ces-derniers transformés par l’expérience de la Pentecôte et qui sous la motion de l’Esprit édifient l’Église.
  • Les livres de Pierre G. Van Breenmen :

Comme le pain rompu

Seul l’Amour compte

Trouver Dieu en toute chose

Tu as du prix à mes yeux

Jean-Guy Saint Arnaud :

Quitte ton pays

Jérusalem Emmaüs aller-retour

  • Pape François :

La joie de l’Évangile, Exhortation apostolique Evanglii Gaudium, sur l’annonce de l’Évangile dans le monde d’aujourd’hui, Médiaspaul.

Ces livres sont publiés chez Médiaspaul

Nous avons parcouru ensemble 32 étapes du cheminement spirituel avec Ignace de Loyola. J’espère que cette expérience vous a aidés dans votre vie de tous les jours. Nous nous reverrons peut-être à l’automne dans un autre type de blogue. D’ici là bonnes vacances et prions les uns, les unes pour les autres.

Bernard Bélair, s.j.

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